Femmes en résistance

Parmi les composantes essentielles contribuant à l’engagement des femmes gardoises au sein de la Résistance figurent l’environnement familial et l’engagement syndical ou politique.

Dans les villes ouvrières de Nîmes ou d’Alès par exemple, où l’influence communiste est très importante, nombreuses sont les femmes à intégrer les réseaux de résistance, comme agent de liaison et en distribuant tracts et journaux clandestins. Le recrutement s’opère d’ailleurs souvent dès le lycée pour n’éveiller aucun soupçon.

Ces jeunes femmes n’hésitent pas à prendre de nombreux risques au péril de leur vie en cachant des juifs ou des individus recherchés pour des faits "terroristes" ou encore en prenant les armes lors des combats de la Libération. Nombre d’entre elles ont d’ailleurs été arrêtées, torturées et envoyées en déportation. Beaucoup n’en réchapperont pas ou reviendront avec des séquelles tant physiques que psychologiques.

Quelques résistantes ont été décorées de la médaille de la Résistance après-guerre. Toutefois et de manière générale, ces femmes combattantes sont souvent restées dans l’ombre des célèbres figures masculines de la Résistance. Leur nombre tout comme leur rôle semblent en effet avoir été quelque peu sous-estimés.

Retour sur deux illustres résistantes gardoises

Lucette Vigne

Lucette Vigne, née le 4 janvier 1920 à Alès, milite dès l’âge de 15 ans dans les Jeunesses socialistes. Elle entre à l’École normale de Nîmes en 1936 et continue sa scolarité jusqu’en juillet 1939. Elle épouse Pierre Choisy le 15 février 1940, rencontré dans les Jeunesses socialistes.

Mobilisé dans le 42ème régiment d’infanterie coloniale, Pierre Choisy est fait prisonnier par les Allemands. Libéré grâce à son épouse, il renoue le contact avec ses amis socialistes, participe à la mise en place du mouvement Combat et devient un des chefs de la Résistance dans le Gard. Il recrute alors sa femme Lucette comme agent de liaison ainsi que sa mère Andrée et plusieurs autres femmes dont sa belle-mère. Averti d’une arrestation imminente, il fuit précipitamment le 22 octobre 1943. Lucette Vigne, sa mère, sa belle-mère et six autres femmes membres du réseau sont arrêtées sur dénonciation le 25 octobre 1943.

Elles sont toutes déportées sauf Lucette, enceinte de six mois et demi, envoyée à l’hôpital de la Conception à Marseille. Elle parvint à s’échapper et accouche d’un garçon à Avignon le 17 janvier 1944 sous une fausse identité. Elle se cache en Ardèche et dans le Vaucluse jusqu’à la Libération.

Elle prend sa retraite d’institutrice en 1975. Décorée de la médaille de la Résistance, elle s’éteint en juillet 2014 à Nîmes.

Marie Soboul

Née en 1884 en Ardèche, Marie Soboul suit des études à l’École normale supérieure de Fontenay-aux-Roses (aujourd’hui dans les Hauts-de-Seine) jusqu’en 1906. Devenue enseignante, elle professe d’abord à Draguignan (Var), puis Valence (Drôme) et enfin à Nîmes à partir de 1909, où elle dirige l’école normale de la ville de 1926 à 1940. Elle a également la charge de son neveu Albert devenu très tôt orphelin, et qui sera historien, spécialiste de la Révolution française.

Elle se retrouve sans activité sous le gouvernement de Vichy alors que l’on ferme les écoles normales. Entrée très tôt dans la Résistance, elle participe au Mouvement de libération nationale ce qui lui permet de siéger dès septembre 1944 au comité départemental de libération présidé par le docteur Benedittini.

Elle travaille avec Don Sauveur Paganelli, ancien inspecteur d’académie devenu préfet en août 1944 à la suite de l’arrestation d’Angelo Chiappe, préfet sous le gouvernement Pétain, collaborateur notoire et fusillé à la Libération.

Conseillère municipale de Nîmes de 1947 à 1959, elle s’éteint en 1961 à l’âge de 77 ans.