Le 8 mai 1945

La chute du IIIe Reich

Le tournant de la Seconde Guerre mondiale s’amorce en Afrique du Nord, lors de la bataille d’El-Alamein en octobre-novembre 1942, où les Britanniques parviennent à repousser les Allemands qui menaçaient depuis plusieurs mois la ville d’Alexandrie et le canal de Suez.

A compter de cette date, l’armée allemande essuie défaite sur défaite face à la poussée alliée.

Au début de l’année 1945, les événements s’accélèrent. L'Allemagne est envahie à la fois par l'est et par l'ouest.Les troupes soviétiques rejoignent les troupes anglo-américaines sur l’Elbe le 25 avril 1945.

Après l'entrée des Soviétiques dans Berlin, Hitler, conscient de son irrémédiable défaite, se suicide dans son bunker le 30 avril 1945.

Joseph Goebbels, qui succède au Führer comme chancelier, incapable de nouer contact avec les Alliés, se donne la mort à son tour le 1er mai.

Le 2 mai, la bataille de Berlin s’achève par la reddition du général allemand Helmuth Weidling.

Du 4 au 6 mai 1945, ce sont l’ensemble des forces nazies restantes aux Pays-Bas, en Allemagne du Nord, au Danemark, en Bavière et à Breslau qui sont contraintes de capituler. L’amiral Dönitz, désigné comme président du Reich par Hitler dans son testament, est contraint de demander la cessation des combats aux Alliés, après avoir vainement tenté de négocier avec les Anglo-Américains une paix séparée qui lui aurait permis de poursuivre la guerre à l'Est contre les Soviétiques.

La signature de l’acte de capitulation à Reims le 7 mai 1945

C’est le général Alfred Jodl, chef d’état-major de la Wehrmacht, qui se rend à Reims le 7 mai 1945 pour signer la capitulation allemande au quartier général des forces alliées commandées par Dwight Eisenhower.

Sont présents le chef d’état-major de ce dernier, le général Walter Bedell Smith, et l'attaché militaire soviétique à l'Ouest, le général Ivan Sousloparov. Le général français François Sevez, chef d’état-major adjoint de la Défense nationale, contresigne l’acte de capitulation à l’issue de la rencontre.

La fin des combats doit être effective le lendemain, 8 mai, à 23h01.

La ratification de l’acte de capitulation à Berlin le 8 mai 1945

La signature de l’acte de capitulation à Reims le 7 mai 1945 ne satisfait pas Staline qui demande la ratification de cet acte à Berlin, ancienne capitale du IIIe Reich désormais occupée par les Soviétiques, dès le lendemain, le 8 mai.

Les généraux Tedder et Spaatz représentent respectivement le Royaume-Uni et les États-Unis ; la France est, à la demande du général de Gaulle, représentée par le général Jean de Lattre de Tassigny.

La ratification se déroule au quartier général des forces soviétiques, sous la présidence du maréchal Gueorgui Joukov, chef d'état-major général de l’Armée rouge.

Elle entre en application, comme convenu la veille, à 23h01.

Les chefs d’État alliés, dont le général de Gaulle, peuvent annoncer officiellement la nouvelle sur les ondes radiophoniques et proclamer la cessation des hostilités en Europe.

La Victoire des alliés

Le 8 mai 1945, toutes les cloches des églises du pays sonnent à 15h00 pour annoncer officiellement la fin de la guerre.

Le général de Gaulle fait une allocution radiophonique pour propager la bonne nouvelle et proclamer fériés les 8 et 9 mai. La foule laisse éclater sa joie en envahissant les rues au chant de la Marseillaise pour célébrer la Victoire et l’anéantissement de l’Allemagne nazie.

Dès le 8 mai au matin, un long cortège parcourt ainsi les boulevards de Nîmes sous les acclamations d’une foule immense. Dans l’après-midi, un nouveau défilé part de la mairie et se dirige vers la Préfecture où se déroule une importante manifestation suivie le soir par une retraite aux flambeaux.

Le lendemain matin, un nouveau cortège se rend aux monuments aux morts pour assister à un défilé de troupes sous les vifs applaudissements de la foule venue nombreuse. Dans le même temps, un meeting est organisé aux arènes de Nîmes sous la direction du Comité départemental de libération, en présence des différentes forces politiques locales ayant participé à la Libération.

Au lendemain du 8 mai

L’allégresse de la victoire ne fait pas pour autant oublier aux Français les horreurs de la guerre liées notamment aux millions de morts, militaires et civils, tous pays confondus (600 000 Français, 400 000 Américains et autant de Britanniques, plus de 6 millions d’Allemands en comptant les victimes du nazisme, 26 millions de Soviétiques…) aux villes rasées par les bombardements massifs mais également à la découverte du système d’extermination nazi qui a fait périr près de six millions de personnes dans d’atroces conditions.

Par ailleurs, malgré la capitulation allemande, les combats continuent dans le Pacifique, y compris en Indochine française occupée par les Japonais. Les États-Unis larguent deux bombes atomiques sur Hiroshima et Nagasaki les 6 et 9 août 1945, contraignant le Japon à rendre les armes mais causant la mort de plus de 200 000 civils.

Sur le territoire français, on compte également quelques foyers de résistance allemands : les dernières "poches de l'Atlantique" à Dunkerque, Lorient, Saint-Nazaire, qui se rendent dans les jours suivant la capitulation.

D’autre part, le 8 mai 1945 est également entaché par les massacres de Sétif, Guelma et Kherrata, sanglante répression des émeutes indépendantistes survenues au cours du mois de mai 1945  en Algérie française, causant la mort de milliers de personnes.

La bataille législative autour du 8 mai

Si le 8 mai 1945 est déclaré fête nationale, le général de Gaulle ne souhaite pas lui accorder pour autant une place particulière et préfère choisir une date de commémoration unique pour rappeler les deux guerres mondiales. Aussi, jusqu’au milieu des années 1950, l’accent est davantage mis sur les commémorations du 11 novembre liées à la Première Guerre mondiale. Le 8 mai va néanmoins connaître jusqu’en 1982 toute une série de mesures législatives destinées à encadrer fêtes et cérémonies qui l’accompagnent.

Une première loi adoptée le 7 mai 1946 sous Félix Gouin, président du gouvernement provisoire de la République, pose le principe de la commémoration : « Article unique : La commémoration de la victoire remportée par les armées françaises et alliées le 8 mai 1945 sera célébrée le 8 mai de chaque année si ce jour est un dimanche et, dans le cas contraire, le premier dimanche qui suivra cette date ». Cette loi ne fait pas l’unanimité auprès des anciens combattants qui se voient voler la vedette par la fête nationale de Jeanne d’Arc, également célébrée le deuxième dimanche du mois de mai, en souvenir de la libération d’Orléans par Jeanne d’Arc le 8 mai 1429. Soucieux de commémorer la victoire à sa date anniversaire, anciens combattants et déportés organisent donc dès 1947 leur cérémonie le 8 mai et ce quel que soit le jour de la semaine.  

Une nouvelle loi promulguée le 20 mars 1953 fait du 8 mai un jour férié. Il devient de ce fait symbolique au même titre que le 11 novembre. De retour au pouvoir en tant que président de la République, le général de Gaulle souhaite quant à lui limiter le nombre de jours fériés en mai et promulgue un décret le 11 avril 1959, fixant à nouveau la commémoration au deuxième dimanche du mois de mai. Cette décision ranime les protestations chez les anciens combattants, qui se détournent des cérémonies officielles pour organiser leurs propres manifestations à la date anniversaire du 8 mai.

Un décret du 1er avril 1965 rend le 8 mai 1965 exceptionnellement férié pour le 20e anniversaire de la victoire. Désireux de satisfaire les anciens combattants tout en limitant le nombre de jours fériés, un nouveau décret du 17 janvier 1968 prévoit une commémoration à la date du 8 mai mais en fin de journée. En 1975, Valéry Giscard d’Estaing pense s’inscrire dans une démarche européenne de réconciliation franco-allemande en prenant la décision de supprimer la commémoration officielle et nationale du 8 mai. Il rencontre alors une vive opposition tant chez les anciens combattants que chez les édiles locaux, qui continuent de commémorer le 8 mai dans leurs communes respectives.

Il faut attendre une loi du 2 octobre 1981, modifiant le Code du travail, pour que le 8 mai soit à nouveau déclaré jour férié. Depuis lors, il reste une date symbolique au même titre que le 11 novembre, où des hommages nationaux sont rendus aux hommes et aux femmes qui ont payé de leur vie la fin de l’oppression nazie.

Il est à noter toutefois que le 8 mai n’est pas chômé en Grande-Bretagne ni aux États-Unis et que les Russes célèbrent quant à eux la capitulation allemande le 9 mai, en raison du décalage horaire. Lorsque la capitulation entra en vigueur à Berlin le 8 mai à 23h01, on était en effet, à Moscou, le 9 mai à 1h01 du matin.