La Chandeleur, fête des chandelles

Depuis le Moyen Âge, le 2 février est marqué par la fête de la Chandeleur. Si, aujourd’hui, cette date évoque surtout les crêpes que l’on fait sauter - éventuellement en tenant une pièce dans la main gauche pour connaître la prospérité durant toute l’année -, il faut se souvenir que ce fut avant tout une fête religieuse.

La Chandeleur donnait lieu à une célébration religieuse solennelle, comme en témoignent les pages de cet antiphonaire consacrées à cette fête. Cet ouvrage liturgique manuscrit, qui contient tous les chants exécutés par le chœur durant les offices et les messes, a été réalisé sur parchemin au XVIe siècle et proviendrait vraisemblablement du prieuré d’Aramon. (Arch. dép. Gard : 1 F 2)

Déjà, dans l’Antiquité, les Romains fêtaient vers le 15 février Lupercus, dieu de la fécondité et des troupeaux, tandis qu’il existait chez les Celtes, aux alentours du 1er février, un rite célébrant la purification et la fertilité au sortir de l’hiver, en l’honneur de la déesse Brigid.

Dès le Ve siècle, l’Église intègre en quelque sorte ces rituels en célébrant, à cette date, la présentation de Jésus au Temple. En effet, selon les textes de l’Ancien Testament, les petits garçons, circoncis au huitième jour, devaient être présentés au Seigneur par leur mère, 40 jours après la naissance, avec un sacrifice d’un agneau ou de deux tourterelles pour les plus pauvres.

Le 2 février (40 jours après Noël), on célébrait donc cette fête dans les lieux de culte.

Par la suite, l’Église y a associé la célébration de la Purification de la Vierge, qui rappelle la divine maternité de Marie.

Quand à la fête de la déesse Brigid, elle est devenue la Sainte-Brigitte (1er février).

Zoom sur le folio 47 :

"A la Purification de la bienheureuse Marie, lorsqu'on distribue les chandelles, dans le chœur on chante l'antienne suivante...".

Un cierge protecteur

La cérémonie était marquée par la lumière : dès la fin du VIIe siècle, des processions avec des chandelles allumées sont organisées, symbolisant notamment la « lumière destinée à éclairer les nations » (c'est ainsi que, dans l'Évangile selon Saint Luc, un vieil homme appelle Jésus lors de sa présentation au Temple).

Cette pratique a donné finalement le nom courant à la fête : « fête des chandelles » ou Chandeleur, voire dans les régions de langue provençale « Candelouso ».

Le cierge de la Chandeleur revêtait une importance particulière : béni durant la célébration, il devait être rapporté chez soi et rester allumé, et on lui prêtait certains pouvoirs.

Selon la croyance populaire, il était notamment censé protéger de la foudre si on l’allumait pendant l’orage, et quelques gouttes de cire posées sur les œufs mis à couver assuraient la bonne éclosion.

En Franche-Comté, un dicton affirmait même que « celui qui la rapporte chez lui allumée pour sûr ne mourra pas dans l’année ».

Temps fort dans la vie liturgique, la Chandeleur a donc été aussi un repère pour la vie quotidienne : de nombreux baux pouvaient prendre effet à partir de cette fête. De même, de nombreux dictons lui sont associés, rappelant que l’hiver est loin d’être fini :

          → « A la Chandeleur, l’hiver se meurt ou prend vigueur »

          → « A la Chandeleur, grande neige et froideur »

          → « Quand le soleil à la Chandeleur, dit lanterne, quarante jours après il hiverne ».