Zoom 3 : l’École normale d’institutrices de Nîmes

Les Archives : lieu de rencontre entre documents publics et documents privés

L’exposition "En classe !", présentée par les Archives départementales du Gard jusqu’au 31 mai 2024, retrace l’histoire de l’école primaire de l’Ancien Régime jusqu’à nos jours.

L’exposition revient notamment sur la formation des hussards noirs de la République au sein des écoles normales de Nîmes.

La formation des hussards noirs

Le XIXe siècle a vu passer de nombreuses lois concernant l’enseignement primaire en France.

Parmi elles, la loi Paul Bert du 9 août 1879 oblige les départements à disposer d’une école normale primaire pour garçons (obligation déjà existante suite à la loi Guizot de 1833), mais également d’une école normale primaire pour filles.

La loi Paul Bert introduit notamment les fameuses lois Ferry de 1881-1882 qui instaurent l’enseignement primaire élémentaire gratuit, laïque et obligatoire pour tous de 6 à 13 ans.

En 1905, la loi de séparation des Églises et de l’État redéfinit les écoles normales primaires. On supprime l’enseignement religieux au profit d’un enseignement moral et civique républicain qui légitimera le surnom de "hussards noirs" donné aux instituteurs et institutrices par l’écrivain Charles Péguy.

L’admission au sein des écoles normales primaires se fait sous certaines conditions. Il faut détenir le brevet élémentaire, être âgé d’au moins 16 ans et de 18 ans au plus, pouvoir justifier des conditions physiques requises et réussir le concours d’entrée qui ne peut être présenté plus de deux fois.

Les futurs instituteurs et institutrices préparent, au sein de ces écoles le brevet supérieur (niveau d’instruction) ainsi que le certificat d’aptitude pédagogique (capacités à exercer).

Des écoles annexes sont créées à proximité des écoles normales afin de former les élèves-maîtres. Ils ont donc un double statut : à la fois étudiant et stagiaire.

L’école normale d’institutrices de Nîmes

L’école normale d’institutrices de Nîmes est créée en 1883, rue Meynier-de-Salinelles. Elle est agrandie en 1928 avec la construction d’une aile neuve afin de remplacer d’anciennes salles de classe sombres et humides et d’y ajouter une bibliothèque et un laboratoire. Deux ans plus tard, un préau sera installé afin de permettre l’activité des cours d’éducation physique et ce, même en cas d’intempéries.

L’internat y est gratuit et strict. En plus de leurs études, les futures institutrices doivent notamment s’occuper des tâches ménagères. Avant la Première Guerre mondiale, les promenades se font sous la surveillance d’un professeur. Par la suite, la discipline s’assouplit et les jeunes filles ont l’autorisation de sortir sans surveillance.

Comme d’autres bâtiments nîmois, l’école normale d’institutrices de Nîmes fait office d’hôpital durant la Grande Guerre.

L’espace autrefois dédié à la formation des futures institutrices est aujourd’hui occupé par une résidence universitaire.

Marie Soboul, directrice de l’école normale d’institutrices de Nîmes

Née le 13 avril 1884 dans l’Ardèche, Marie Soboul est une élève brillante qui obtient son certificat d’études primaires. Après avoir intégré l’école primaire supérieure de Largentière, elle entre à l’école normale d’institutrices de Privas avant d’être admise à l’école normale d’institutrices de Nîmes. En 1904, elle reçoit une bourse qui lui permet d’intégrer l’école normale supérieure de Fontenay-aux-Roses, un établissement d’enseignement supérieur réservé aux filles et destiné à la formation des enseignantes des écoles normales primaires.

Marie Soboul devient, en 1909, professeure de sciences naturelles et de dessin à l’école normale d’institutrices de Nîmes puis directrice à partir de 1926. Elle est limogée en 1940, date à laquelle le gouvernement de Vichy fait fermer les écoles normales car représentatrices des valeurs républicaines.

Sous l’Occupation, Marie Soboul, résistante, participe au Mouvement de libération nationale, ce qui lui permet d’intégrer dès septembre 1944 la commission de l’instruction publique du comité départemental de libération.

Elle est conseillère municipale de Nîmes de 1947 à 1959.

Marie Soboul meurt à Ajaccio, le 2 août 1961. Son nom a été donné à une école d’application primaire publique à Nîmes.