Curiosités & Trésors (Janvier 2025)

Les Archives départementales conservent de précieux fonds iconographiques. On y retrouve des photographies, des cartes et plans, des affiches, des dessins, des gravures... 

Selon le Dictionnaire de terminologie archivistique.doc (francearchives.gouv.fr) :

  • les documents figurés (ou iconographiques) sont des "Documents composés essentiellement d'images fixes comportant un élément de dessin, de figuration graphique ou photographique."
  • les documents photographiques sont des "Documents sur support photographique, incluant les diapositives, les négatifs, les épreuves, voire les documents s'y rapportant".
  • les documents cartographiques concernent "les cartes et plans, quelle que soit leur échelle"

Au fur et à mesure des classements, des inventaires sont élaborés et rendus disponibles en ligne.

Tous les mois, les Archives départementales du Gard vous proposent de découvrir des documents originaux et uniques extraits de ses fonds iconographiques. Les "Curiosités & Trésors" du mois vous sont présentés ici.

Janvier 2025

+ d'infos : La mémoire et la mine : la catastrophe de Lalle (Arch. dép. du Gard : 67 Fi)

Au travers de photographies inédites, conservées aux Archives départementales dans la sous-série 67 FI, intéressons-nous à la catastrophe de la mine de Lalle, survenue à la date du 11 octobre 1861, et qui reste l’une des plus dévastatrices de l’industrie minière en France et la plus meurtrière dans le bassin houiller des Cévennes.

Sans vouloir éluder les conséquences de l’épisode cévenol qui toucha la région et les valeureux épisodes de sauvetage, par ailleurs assez bien documentés, nous mettons plus en avant, non pas les 106 mineurs qui périrent morts de fatigue, noyés ou d’asphyxie, mais les rares survivants, et en particulier ceux qui furent retrouvés de nombreux jours après cette calamiteuse inondation.

Cette catastrophe minière a fortement marqué les esprits, comme en témoigne la presse de l’époque ou encore les complaintes populaires qui remémoraient cet événement. Avant de tomber à nouveau dans un complet anonymat les cinq mineurs survivants firent la une des journaux et il est donc logique qu’un photographe réalise leur portrait durant leur séjour à l’hôpital de Bessèges. Ces photographies inspireront même une composition au dessinateur Chenu qui réalisera une estampe, d’assez bonne facture, publiée chez l’'imprimeur Alfred Seringe.

Joseph Mouton et Basile Théron restèrent coincés dans un renfoncement, ils furent retrouvés saufs, 4 jours et demi plus tard, le 15 octobre. De très longs jours passèrent avant que Louis Hours, François Privat et Joseph Marius ne soient enfin extraits des entrailles la mine : ils s’étaient réfugiés dans une cavité où ils se sont maintenus, confinés dans l’obscurité et sans nourriture, durant plus de 14 jours et demi, soit près de 348 heures ! Joseph Marius n’aura la vie sauve que grâce à ses deux camarades d’infortune, Hours et Privat, qui le couvrirent de charbon pour le réchauffer ; jamais plus ils ne voulurent redescendre à la mine !

La mémoire de ces ouvriers perdurera de façon romancée dans la littérature de la fin du XIXe siècle, notamment dans "Germinal" d’Emile Zola, auparavant dans l’ouvrage de Louis Laurent Simonin "La vie souterraine, la mine et les mineurs" mais encore plus directement dans le roman "Sans Famille" d’Hector Malot, paru en 1878, dans lequel le personnage de Rémi, jeune homme rescapé de la mine inondée est inspiré du jeune Joseph Marius, enfant des hospices de Nîmes, ouvrier du fond, et préposé au chargement et au transport du charbon de la mine de Lalle. 

E.N