Francisco Sancho, du vol à l’échafaud

C’est le 10 juillet 1875, à 4 heures du matin qu’est exécuté pour la dernière fois publiquement dans le département du Gard, le condamné à mort Francisco Sancho.

Quel était son crime ?

L’affaire se déroule à Beaucaire en 1874. Profitant de l’absence de son frère, Jaime Sancho, et avec la complicité de José, Francisco entend voler sans scrupules, toutes les économies de son frère. Mais Marie, alors enceinte lors des faits, refuse de lui donner l’argent qu’ils ont longuement épargné pour retourner en Espagne. Fou de rage, Francisco frappe et poignarde sa belle-sœur puis prend la fuite avec l’argent et son complice, sûr de pouvoir rejoindre l’Espagne.

Mais coup du sort !

Alors que les deux individus prennent le train pour Sète, ils se retrouvent dans le même wagon que Jaime Sancho, le frère de Francisco, parti à Marseille à la suite de la tromperie du complice José Vaqué qui lui a fait croire que le frère de Marie était emprisonné là-bas. Se croyant traqués par le mari de la femme qu’ils venaient de blesser et de voler, les deux criminels sautent du train en marche. Le complice de Sancho blessé lors de la fuite, contraint ce dernier à s’arrêter dans une auberge pour reprendre des forces. Mais le repos ne dure pas longtemps. En effet, leur comportement suspect et les traces de sang sur les deux hommes éveillent les soupçons de l’aubergiste. Il alerte les autorités qui les arrêtent rapidement.

La sanction tombe le 20 mai 1875.

Marie, presque mourante après la violente agression, trouve encore la force d’accuser les deux hommes à la suite de leur arrestation. Acculés, Francisco et José avouent alors leur crime aux autorités. L’état très préoccupant de Marie se prolonge durant six longs mois. Enfin rétablie, le procès des deux hommes peut donc se tenir en Cour d’assises. La sanction tombe le 20 mai 1875. José Vaqué, le complice, est condamné aux travaux forcés à perpétuité, tandis que Francisco Sancho est condamné à la peine de mort.

Compte-rendu de l’exécution de Francisco Sancho à 4 heures du matin, le 10 juillet 1875, sur la place de la Charité à Beaucaire. (Arch. dép. Gard 5U 2 274)

Sancho dépose un recours en grâce qui sera rejeté. Un dernier témoignage glaçant du juge de paix nous est parvenu sur cette mise à mort qui fut la dernière exécution publique dans le Gard.

Monsieur le Procureur général,
J’ai l’honneur de vous informer, Monsieur le Procureur général, que l’arrêt de la Cour d’assises qui condamne à la peine de mort, François Sancho, a reçu son exécution, aujourd’hui 10 juillet, à quatre heures moins dix minutes du matin. 
Une immense foule contenue par la troupe, à la vue du condamné était dans la stupeur du silence le plus profond. Tout à coup, un cri indescriptible s’est produit !... La justice humaine était satisfaite.
Placé à deux mètres de l’échafaud, je n’ai reçu aucune déclaration du supplicié, c’était un corps inerte, il était mort moralement.
                                Je suis avec respect
                                Monsieur le Procureur général
                                votre humble serviteur
                                le juge de paix

Zoom sur... cette histoire avec la brochure "Francisco Sancho, du vol à l’échafaud"

En lien avec l'exposition itinérante "Cruelles archives" proposée par les Archives départementales du Gard.