Bibliothèque : 3 coups de cœur (novembre 2022)
Les ouvrages présentés dans cette rubrique sont issus de la bibliothèque de conservation et sont consultables, sur place, en salle de lecture (après avoir rempli les modalités d'inscription).

+ d'infos : "1907, la longue marche des vignerons du Midi" par Claude ECKEN et Benoit LACOU. Arch. dép. du Gard : BIB BH 3635

"1907. Le cours des vins s'effondre. La misère s'abat sur les vignerons du Midi. La faute à la surproduction, mais aussi à la fraude. Qui s'en soucie ? Un homme, un seul, élève sa voix, digne et calme, et propose de marcher pour attirer l'attention du gouvernement. De marcher, encore et toujours. Marcellin Albert devient ainsi l'Apôtre de la viticulture. Guillaume, fils d'ouvriers viticoles au chômage, employé comme homme à tout faire par un gros propriétaire peu scrupuleux, infiltre le mouvement pour mieux le discréditer. Il devient ainsi le témoin privilégié d'une des grandes pages de l'Histoire du Midi"
(Source : 4ème de couverture)
⇒ Avis de nos amateurs :
"Au mois de septembre, c’est le temps des Vendanges. Et quand arrive le mois de novembre, tout le monde attend de déguster le Beaujolais Nouveau ! Le troisième jeudi de novembre : les gens se regroupent dans les bars ou vont acheter la fameuse bouteille chez leur caviste pour déguster un vin souvent pas assez arrivé à maturité mais qui marque une fête populaire dans le foyer des Français. Une nouvelle occasion pour nous de vous faire découvrir un ouvrage qui retrace une histoire de vin. Dans cet ouvrage, les auteurs reviennent sur une petite histoire du début du XXème siècle, celle d’un homme qui s’est battu, par la marche, pour dénoncer l’effondrement du cours du vin et la misère qui s’abat sur les vignerons du Midi. Si cet homme n’avait pas marché ce jour-là, fêterions-nous toujours le Beaujolais Nouveau en ce mois de novembre ? La réponse est peut-être dans ce livre."

+ d'infos : "Enquête sur un roman : L’Épervier de Maheux" par Patrick CABANEL, Anne-Marie PIAULET (ill.). Arch. dép. du Gard : BIB BH 3981

"Automne 1972 : Un romancier inconnu, publié chez un petit éditeur, obtient le prix Goncourt. L’Épervier de Maheux raconte la fin de la civilisation rurale des Cévennes et rencontre un succès exceptionnel auprès d’un public avide de (re)découvrir paysages, nature, et mémoire paysanne. La noirceur du roman agace des lecteurs, sur place, mais la splendeur littéraire du texte emporte tout. Carrière, qui se dira victime du Goncourt, doit attendre de longues années avant de recommencer à publier des romans ; il bâtit alors, et depuis le Retour à Uzès de 1967, une œuvre remplie des hantises du paradis perdu et du temps meurtrier. Elle invite à voir dans L’Épervier de Maheux non pas un récit « rural » ou « régionaliste », mais un roman puissamment biblique et métaphysique, peut-être un des sommets de la littérature de l’absurde."
(Source : éditeur)
⇒ Avis de nos amateurs :
"À l’occasion du cinquantenaire de "L’Épervier de Maheux" de Jean Carrière, qui aura marqué d’une manière ou d’une autre, lecteurs et lectrices cévenols, Patrick Cabanel, historien agrégé et diplômé de l’École normale supérieure de Paris, directeur d’études à l’École pratique des hautes études, né à Alès et président du Club cévenol, s’attelle à la difficile tâche de la critique littéraire.
En effet, qu’ajouter après tant d’années qui n’aurait déjà été dit et comment éviter de tomber dans la métacritique ? C’est peut-être grâce à la gestation des décennies, à l’approche davantage scientifique que littéraire, dans son acception artistique, ainsi qu’à ses connaissances théologiques que Patrick Cabanel a pu enquêter sur ce prix Goncourt avec un œil nouveau.
Ainsi, l’auteur a-t-il autopsié ce roman du désespoir, muni des outils que furent les archives privées de Carrière, les critiques antérieures et les multiples biographies de prédécesseurs. Tandis qu’il décortique la genèse de "L’Épervier de Maheux", Cabanel s’aperçoit alors que l’on s’est trop souvent concentré sur la forme davantage que sur le fond du récit : malgré lui, de par ses fréquentations, Jean Carrière avait été inscrit dans la lignée des romans lyriques, édifiant la nature et la paysannerie, dans l’ombre d’un Giono, qu’il surpasse pourtant d’après les critiques, devenu l’ombre de son ombre finalement : « les gens me félicitent pour un livre que je n’ai pas écrit et me parlent d’un auteur que je ne connais pas. » note Jean Carrière dans ses Carnets.
Qu’a-t-il écrit ? Quel est cet auteur qui nous a échappé ? Patrick Cabanel propose ainsi une lecture philosophique, métaphysique du texte. Par l’appui de citations, il met en exergue l’absurde, la cruelle fatalité et la quête perpétuelle d’un sens qu’on doute pourtant de pouvoir trouver ; Abel et Carrière se mêlent l’un à l’autre, ses correspondances faisant écho aux propos du personnage, dont le prénom ne saurait être sans connotation spirituelle.
Cabanel propose une appréhension nouvelle d’une œuvre qui, comme tant d’autres, restera muette, insensible à nos interrogations ; pourtant, nous creusons".

+ d'infos : "Madame, vous allez m’émouvoir : une famille française à travers deux guerres mondiales" par Lucie TESNIÈRE. Arch. dép. du Gard : BIB BH 3882

"En 2012, Lucie Tesnière découvre les lettres de son arrière-grand-père, Paul Cabouat, médecin dans les tranchées pendant la Grande Guerre. Elle commence alors une enquête qui va la mener sur les traces de sa famille à travers les deux guerres mondiales et qui va changer le cours de sa vie. En fouillant dans les archives et en interrogeant les descendants, elle met au jour des histoires incroyables, mêlant Résistance, collaboration, amours, amitiés et trahisons.
À travers le récit captivant de cette famille, agrémenté de photos et de nombreux témoignages d’époque, c’est une histoire de la France au XXe siècle qui se dessine au fil des pages."
(Source : éditeur)
⇒ Avis de nos amateurs :
"Début octobre 2022, Annie Ernaux obtint le prix Nobel de littérature pour l’ensemble de sa carrière d’autrice – car ce mot existe et a existé jusqu’en 1891, avant que l’Académie ne le retire, le métier d’écrivain ne seyant pas à la gent féminine – que pour un livre en particulier. Elle fut récompensée pour ses romans "d’autofiction" aux enjeux sociaux.
J’aurais pu, pour ce coup de cœur, opter pour un ouvrage sur le féminisme, sur la condition sociale des femmes à telle ou telle époque ; j’ai préféré le genre littéraire à la question sociétale.
C’est pourquoi, lorsque je vis l’intitulé : "Madame, vous allez m’émouvoir", je décidai, sceptique, de me saisir de l’ouvrage et de découvrir ce dont il était question. Quelle ne fut pas ma surprise ! J’avais dans les mains, un document à la croisée de tant de chemins : une femme écrivait un témoignage atypique des guerres mondiales. "Parfait, me dis-je, c’est exactement ce qu’il me fallait pour ce mois de novembre : roman personnel, guerres et, cerise sur le gâteau, écrit par une femme."
En 2012, alors que le centenaire de la Grande Guerre approchait, Lucie Tesnière se perdit dans les trésors que recelait le salon de sa grand-mère : c’est au travers de "sept cent cinquante pages de lettres dures, drôles, piquantes, de dessins croqués sur le vif" que commencera son épopée. Agrémenté par tant de documents d’archives, ce roman devient tout à la fois autobiographique, historique, presque épistolaire, "généa-fiction", finalement, d’une époque troublée.
Au fil des pages, on se perd dans l’enquête menée par l’autrice. On se surprend à s’attacher ou à maudire des personnes. On touche au produit brut d’années difficiles et déchirantes. On s’émeut et la réalité nous frappe alors plus durement : ce n’est pas une fiction, c’est arrivé. Cet homme a existé.
Est-ce le style sans artifices du texte ou est-ce la réalité des faits qui confèrent tant de force à l’ouvrage ? Très certainement, les deux. Ainsi, la lecture est aisée et les émotions plus puissantes.
Je relis ces quelques mots : "Je ne sais pas au final s’il a été fusillé. Je n’ai pas voulu en parler à maman." et j’en frissonne encore."
Rappel : Que trouve-t-on dans la bibliothèque des Archives départementales du Gard ?
Sont conservés aux Archives départementales du Gard des ouvrages généraux, consacrés à l'histoire et aux sciences auxiliaires de l'histoire ; un fonds local, consacré à l'histoire du Gard sous tous ses aspects ; des bibliothèques léguées par des personnalités et des chercheurs gardois : bibliothèque Albert Marignan, fonds Yvan Gaussen, fonds Germer-Durand...
On relève aussi des collections de périodiques (revues historiques d'intérêt régional ou national ; périodiques publiés dans le département du Gard. Les titres les plus anciens sont intégrés à un projet régional de numérisation et de mise en ligne.)
Les catalogues de la bibliothèque sont en partie consultables sur place. Un fichier manuel permet de repérer les ouvrages et certains articles de revues ; un catalogue des journaux (série JR : consulter les inventaires sur notre site de consultation) et revues (séries BIB PER et BIB PER C) est également disponible. Ces catalogues sont progressivement remplacés par un catalogue informatisé. Chercher dans le fonds de la bibliothèque
. Ce site, régulièrement enrichi, vous offre l’accès en ligne à une partie du catalogue de la bibliothèque des Archives départementales du Gard. Ils s’ajoutent à ceux dactylographiés ou imprimés consultables en salle de lecture. Cela vous permettra de préparer votre visite aux archives en relevant les informations et les cotes qui vous intéressent.
N'hésitez pas à consulter la page consacrée aux coups de cœur de la bibliothèque
Bonne recherche et bonne lecture !