Curiosités & Trésors (Novembre 2025)

Les Archives départementales conservent de précieux fonds iconographiques. On y retrouve des photographies, des cartes et plans, des affiches, des dessins, des gravures... 

Selon le Dictionnaire de terminologie archivistique.doc (francearchives.gouv.fr) :

  • les documents figurés (ou iconographiques) sont des "Documents composés essentiellement d'images fixes comportant un élément de dessin, de figuration graphique ou photographique."
  • les documents photographiques sont des "Documents sur support photographique, incluant les diapositives, les négatifs, les épreuves, voire les documents s'y rapportant".
  • les documents cartographiques concernent "les cartes et plans, quelle que soit leur échelle"

Au fur et à mesure des classements, des inventaires sont élaborés et rendus disponibles en ligne.

Tous les mois, les Archives départementales du Gard vous proposent de découvrir des documents originaux et uniques extraits de leurs fonds iconographiques. Les "Curiosités & Trésors" du mois vous sont présentés.

Novembre 2025

+ d'infos : Entre Rhône et Méditerranée : la Foire de Beaucaire gravée dans l’histoire (Arch. dép. du Gard : 4 Fi 26)

Partons à la découverte de documents conservés dans les fonds iconographiques des Archives départementales du Gard afin de présenter une estampe évoquant la foire de Beaucaire dans la seconde moitié du Grand Siècle.

Cette remarquable épreuve est difficile à dater avec précision. Bien que non signée, elle s’inscrit dans la filiation d’un dessin initial de François Cléric qui inspira ensuite Claude-Antoine Littret de Montigny pour l’exécution d’une eau-forte. Littret, graveur reconnu, occupait une place de choix parmi les artistes français du XVIIIe siècle. Il réalisa notamment, pour "l’Encyclopédie" de Diderot et d’Alembert, la planche IV de la section consacrée à l’art de la gravure en taille-douce.

Il s’agit ici d’une estampe imprimée sur papier vergé, dans une version coloriée de manière assez fruste, avec une palette restreinte aux seules teintes rouge et bleue. Ces tons, opposés mais complémentaires, s’accordent néanmoins avec harmonie.

Les apports artistiques et techniques se révèlent notables dans cette composition fine et équilibrée. Elle met en scène le Rhône et les deux villes qui se font face – Beaucaire à droite et Tarascon à gauche – représentées dans une perspective nord-sud. Au cœur de ce décor, ceint à l’horizon par les montagnes environnantes, prend place une vaste esplanade bordée de nombreuses boutiques de forains. Au centre se dresse fièrement, tel un arc de triomphe, l'ancienne porte de Beauregard détruite en 1845. Elle ouvre sur le champ de foire et mène directement au fameux pont de bateaux dit "pont en zigzag", où portefaix, carrosses et chaises à porteurs se croisent dans une animation intense.

En bordure du pré Sainte-Madeleine, le Rhône est encombré de barques de mer venues de Marseille en remontant le fleuve. Certaines transportent des marchandises ou des passagers, tandis que d'autres, déjà bâchées, protègent leur cargaison. Haut lieu d’échanges, la foire rassemble pêle-mêle marchands, matelots, apothicaires, ecclésiastiques, bourgeois en balade ou plus prosaïquement en négociation, simples badauds et artistes de rue, car la foire est aussi un lieu de divertissement et de festivités.

Cette vue d’illustration compte parmi les plus représentatives de son époque pour décrire cet événement commercial exceptionnel qu’était la foire de Beaucaire, laquelle attirait des marchands venus de tout le bassin méditerranéen, d’Europe occidentale et même d'Orient. Au-delà de ce témoignage historique majeur, cette estampe révèle un épisode méconnu de l’histoire de l’art – et c’est ce que nous découvrirons le mois prochain en pénétrant l’art de l’illusion !

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