Curiosités & Trésors (Octobre 2024)

Tous les mois, les Archives départementales du Gard vous proposent de découvrir des documents originaux et uniques extraits de ses fonds iconographiques. Les "Curiosités & Trésors" du mois vous sont présentés ici.

Transportons-nous, une fois n’est pas coutume, hors des contrées gardoises, mais pour y retrouver un matériau très présent dans le département : la pierre de taille. Nous nous plaçons alors dans les traces du photographe Gaston Bouzanquet (1866-1937) dont les Archives départementales conservent un exceptionnel fonds de photographies sous la cote 59 FI.

L’attachement de Bouzanquet à son territoire - il est né à Vauvert -, à la Camargue en particulier et aux traditions en général, l’amènera à voyager énormément, notamment dans de nombreux pays du pourtour méditerranéen. Le fonds Gaston Bouzanquet retrace une partie de ces voyages. Le support que nous vous présentons est un négatif sur verre au gélatinobromure d’argent, de format 8,5 x 10 cm , aux bords arrondis, fourni par Radiguet & Massiot successeur de l’illustre maison Molteni. 

Nous sommes donc à Baalbek, l’ancienne Héliopolis, "La cité du soleil" à l’époque romaine, dans l’actuel Liban et la photographie date vraisemblablement du premier tiers du 20e siècle. Cette vue révèle les vestiges d’une plateforme mégalithique présentant parmi les plus importants blocs de pierre taillée extraits à ce jour, ces blocs massifs auraient été utilisés pour la construction du podium des temples romains et sont connus sous le nom de pierres du Trilithon. La pierre la plus colossale, mesure plus de 18 mètres de haut et malgré sa centralité le personnage qui s’y tient paraît bien minuscule et beaucoup de mystères entourent encore ces vénérables pierres.

Ce sujet représente donc le modèle rêvé du chasseur d’images, un objet rare voire extraordinaire, propice à une composition d’image graphique aux lignes dynamiques et épurées, avec une dose d’orientalisme et une dimension archéologique dont Gaston Bouzanquet a capté la pleine mesure en restituant le rapport entre la minéralité du bloc de carrière et l’immersion du sujet humain. 

Le cliché rend compte de cet attrait indicible du photographe gardois pour le sujet appréhendé dans une démarche consciente proche de l’ethnophotographie, comme ce fonds d’archives et le reste de son travail photographique en atteste, autant par son travail réalisé à l’étranger que celui produit dans le Gard et en Camargue. Bouzanquet s’inscrit dans son temps en utilisant ce support didactique de photographies sur verre pour projections lumineuses, alors très en vogue à son époque, Radiguet & Massiot commercialisait ainsi au début du XXe siècle un catalogue de plus de 60 000 clichés sur verre, utilisés très largement dans les cercles mondains et par les conférenciers. 

Mais plus encore, la composition de cette photographie donne une résonance à une citation de Bill Brant, "Le travail du photographe consiste, en partie, à voir les choses plus intensément que la plupart des gens. Il doit avoir et garder en lui la réceptivité de l’enfant qui regarde le monde pour la première fois, ou celle du voyageur qui découvre une contrée exotique… ils ont en eux une aptitude à l’émerveillement…".

E.N

• Accéder à d'autres images à partir de l'inventaire : Fonds Gaston Bouzanquet (XXème siècle) - 59 Fi