Curiosités & Trésors (Septembre 2024)

Les Archives départementales conservent de précieux fonds iconographiques. On y retrouve des photographies, des cartes et plans, des affiches, des dessins, des gravures... 

Selon le Dictionnaire de terminologie archivistique.doc (francearchives.gouv.fr) :

  • les documents figurés (ou iconographiques) sont des "Documents composés essentiellement d'images fixes comportant un élément de dessin, de figuration graphique ou photographique."
  • les documents photographiques sont des "Documents sur support photographique, incluant les diapositives, les négatifs, les épreuves, voire les documents s'y rapportant".
  • les documents cartographiques concernent "les cartes et plans, quelle que soit leur échelle"

Au fur et à mesure des classements, des inventaires sont élaborés et rendus disponibles en ligne.

Tous les mois, les Archives départementales du Gard vous proposent de découvrir des documents originaux et uniques extraits de ses fonds iconographiques. Les "Curiosités & Trésors" du mois vous sont présentés ici.

Septembre 2024

+ d'infos : L’histoire au fil de l’eau : la canalisation du Pont du Gard (Arch. dép. du Gard : 15 Fi 7)

Abordons ce mois-ci cette rubrique avec une curiosité inhabituelle pour un monument phare du département - que l’on observe habituellement de l’extérieur- et plongeons-nous dans les entrailles du Pont-du-Gard, monument majeur de la civilisation romaine, classé monument historique dès 1840 et inscrit depuis 1985 au patrimoine mondial de l’UNESCO.

Le médium artistique est la photographie et en particulier un tirage de plaque de verre stéréoscopique approximativement daté des années 1920-1930 et conservé dans le fonds Tachon. Il nous représente une vue de l’intérieur de la canalisation du pont situé sur la partie supérieure de l’édifice. On constate que cette canalisation est imposante par sa taille, comme en témoigne le sujet féminin que l’on distingue debout, les pierres de couverture sont aussi de grande taille et on imagine bien les ouvriers aller placer ces blocs de plusieurs tonnes à 50 mètres de haut : un véritable travail de romain ! Ce qui était réalisé avec les moyens de l’époque grâce à un engin de levage appelé la Chèvre antique.

Mais le plus curieux sur ce document reste ce que l’on ne voit pas : l’eau ; et plus précisément les traces qu’elle a pu laisser tout au long de ses nombreuses décennies d’écoulement. Les romains parvenaient grâce à leur technique aboutie de construction des systèmes d'alimentation en eau et de la mécanique des fluides à la conserver la plus pure possible et bien sûr à en perdre le moins : les larges dalles étaient une solution tout comme leurs connaissances avancées sur les mortiers imperméables. 

Etant donné l’importance vitale de l'alimentation en eau potable de la population, un curateur des eaux, le Curator aquarum - prestigieuse fonction de rang consulaire – contrôlait, avec un nombreux personnel spécialisé, l’ensemble du réseau d’adduction d’eau à Rome et dans l’Empire. Aussi cette partie du monument était celle qui recevait le plus de soin, des ouvriers spécialisés y réalisaient un entretien pour lutter contre les infiltrations et maintenir l’étanchéité, veiller à la salubrité de l’eau mais également empêcher la fraude sur l’eau et les détournements clandestins !

Toutefois on remarque sur la photographie d’énormes concrétions calcaires qui témoignent de l’abandon par les romains de leur travail de maintenance et de la dégradation de la qualité des eaux. Ces abondants dépôts de particules minérales et végétales pouvaient réduire le débit jusqu’à rendre la conduite inutilisable et potentiellement épuiser l’alimentation en eau de Nîmes. Ce ne sera pas le cas puisque l’on admet que l’aqueduc a cessé de fonctionner vers le début du VIème siècle.

E.N

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