Zoom sur l'inventaire de l'Assistance à l'enfance (1814-1958) - 6 X

Cette sous-série 6 X émane des archives des services préfectoraux et différents établissements (hospices, établissements spécialisés, maison maternelle)

Protection des enfants de premier âge

L'administration de la protection des enfants de premier âge a été créée par la loi Roussel du 23 décembre 1874, relative à la protection des enfants de premier âge et en particulier des nourrissons, elle est également à l'origine de la Goutte de lait et des consultations de nourrissons.

Les documents produits par cette administration sont issus de l'instruction des demandes d'allocations prénatales (extraits des registres matricules des mairies, rapports annuels), des activités de consultation des nourrissons, du comité départemental (délibérations, rapports), font état de la distribution de lait et de la Goutte de lait, de l'activité des commissions locales (nominations, rapports arrêtés), des missions de placements (enquêtes, registres des enfants placés en nourrice, registres matricules), et des interventions en matière l'hygiène sociale et alimentaire. On y trouve également des pièces de comptabilité, des rapports annuels, des statistiques (naissances, décès, consultations de nourrissons), des enquêtes sociales, de la correspondance.

Enfants trouvés, assistés et orphelins

C'est le décret impérial du 19 janvier 1811 qui officialise la création d'un service préfectoral dédié à l'aide aux enfants abandonnés et trouvés appelé "service des enfants abandonnés et trouvés".

Ce service est intégré à l'Assistance publique, service de l'Etat déconcentré qui assure l'aide sociale et médicale de la population, dont les enfants abandonnés, lors de sa création par la loi du 18 janvier 1849.

À partir de 1869 est instaurée l'obligation pour les services "d'enfants assistés" de constituer un dossier individuel pour chaque pupille de l'État.

Les archives laissées par l'activité du service durant cette période témoignent de cette mise en place progressive de la prise en charge des enfants assistés. Elles concernent d'une part l'organisation, le fonctionnement du service et son activité d'inspection, et d'autre part, les admissions et inspections en lien avec la gestion et le suivi des pupilles.

Présentation du contenu

La sous-série 6 X rassemble les archives de la protection du premier âge ainsi que celles de l'enfance assistée du XIXème et du début du XXème siècle (1814-1958).

Ces archives sont issues des services préfectoraux et de différents établissements (hospices, établissements spécialisés, maison maternelle).

Les modalités d'entrée des archives de cette sous série expliquent le fait que des articles postérieurs à 1940 y sont inclus alors que d'autres plus anciens ont été classés avec les archives contemporaines en W.

Elle comprend 423 articles qui peuvent se répartir en deux grandes parties : la Protection des enfants de premier âge et l'Enfance assistée.

Les archives relatives à l'organisation et au fonctionnement des services sont constituées de rapports des commissions locales et juges de paix, de pièces de comptabilité (budgets, états de remboursement des départements étrangers, pièces justificatives de dépenses : frais de séjour dans les établissements et hôpitaux, état des pensions et indemnités à payer pour les pupilles de l'Etat, mémoires et états de frais pour soins médicaux, dentaires et pharmacie, allocations mensuelles et argent de poche pour les pupilles appelés sous les drapeaux – arrêtés généraux et nominatifs - mémoires pour des frais de transport, appels à mandats auprès de la CAF, demandes d'arrêt de poursuite en recouvrement, layettes et vêture) ; mais aussi de documents plus généraux comme les nombreux rapports : enquêtes, rapports d'inspection, rapports des maires et juges de paix, contrôle des primes d'allaitement ; des arrêtés, des statistiques : registres d'âge, comptabilité, mouvement et population, registres de situation des enfants (enfants assistés, enfants placés) ; de la correspondance. Quelques articles concernent des informations générales se rapportant au fonctionnement des établissements (établissements spécialisés, maison maternelle).

Les documents relatifs aux enfants dans le service témoignent plus directement de leurs parcours de vie au travers de nombreux registres (inscriptions, admissions ou livres journaux, des registres d'enfants placés en nourrice) et bien-sûr au travers des dossiers. Ces dossiers concernent les secours temporaires, les enfants placés, et les enfants adoptés.

Concernant les pupilles, le fonds garde trace du denier (remises de comptes de tutelle, registres des salaires), des droits constatés au profit des pupilles et bordereaux détaillant l'utilisation de ces recettes et sommiers, des pensions, des placements en nourrice et chez des employeurs, des contrats, des récompenses. On y trouve également des registres de tutelle, registres de vêture, et registres des sorties.

À savoir : Les pupilles sont les orphelins mineurs en tutelle. On les distingue des enfants placés. Les pupilles sont des enfants privés de leur soutien naturel (enfants abandonnés, orphelins). Ils doivent faire l'objet d'une adoption dans les plus brefs délais après leur admission en tant que pupille. Les seconds sont des enfants retirés à leur famille pour des raisons économiques et sociales. La tutelle confie à un tuteur le pouvoir de prendre soin de la personne et des biens d'un mineur lorsqu'il n'a plus ses parents.

Bibliographie complémentaire

  • ABENSUR-HAZAN Laurence : Archives hospitalières et de la bienfaisance, 2022. Arch. dép. du Gard : BIB BH 4059
  • BONHOMME Jean : Historique de l'action menée par les Orphelins de Guerre en France de 1926 à 1990, Nîmes, 1991. Arch. dép. du Gard : BIB BH 0703
  • CAILLAT Gérard in Lien des chercheurs cévenols, n° 141 avr.-juin 2005 : Cévennes hospitalières p. 11-15. (A partir notamment des archives de l'Hôtel Dieu de Nîmes, cet article étudie le placement des enfants abandonnés dans la haute vallée de la Cèze autour de la commune de Ponteils). Arch. dép. du Gard : BIB PER C 40 4
  • COMTE Séléna sous la direction de Bourmaud Philippe : dir. publ. : La Culture matérielle des enfants exposés au tour de l'hospice d'Humanité de Nîmes entre 1835 et 1858, Lyon, 2022. Arch. dép. du Gard : 35 J 259
  • FARON Olivier : Les Enfants du deuil : Orphelins et pupilles de la nation de la Première Guerre mondiale (1914-1941), Paris, 2001. Arch. dép. du Gard : BIB BH 2486
  • LAURANS Alain : Guide des sources sur l'histoire des enfants abandonnés en Lozère (1811-1964) : Sans racines ou seuls au monde, Mende, 2018. Arch. dép. du Gard : BIB BH 3370
  • MERGNAC Marie-Odile : Orphelins et pupilles de la nation : mises sous tutelle, conseils de famille, litiges, spoliations..., Paris, 2016. Arch. dép. du Gard : BIB BH 2908
  • MURAT Daniel : Les enfants abandonnés et secourus dans le Gard de 1791 à 1904 ; assistance publique, assistance privée : tome II, Montpellier, 1994. Arch. dép. du Gard : 35 J 234 2
  • MURAT Daniel in Société historique de l'Uzège, n°41, déc. 2007 : L'assistance des enfants abandonnés dans le Gard de 1790 à 1800, p. 11-19. Arch. dép. du Gard : BIB PER C 89 2
  • OLMIERE Mireille in Société historique de l'Uzège, n°41, déc. 2007 : Charité et œuvres de bienfaisance à Uzès au XIXè siècle, p. 4-10. Arch. dép. du Gard : BIB PER C 89 2
  • PEYROCHE Martine in Société historique de l'Uzège, n°41, déc. 2007 : L'abandon à l'hospice d'Uzès à travers les archives de l'hôpital d'Uzès fin XVIIIe siècle, début XIXe siècle. Arch. dép. du Gard : BIB PER C 89 2
  • PETERS Jean-Gabriel in Société historique de l'Uzège, n°41, déc. 2007 : Évolution du statut législatif des enfants trouvés, p. 20-23. Arch. dép. du Gard : BIB PER C 89 2
  • PROVENCE Myriam : L'enfant abandonné : Résoudre l'énigme, Paris, 2010. Arch. dép. du Gard : BIB BH 2485
  • PROVENCE Myriam : Guide des recherches sur les enfants abandonnés, Paris, 2001. Arch. dép. du Gard : BIB BR 3403
  • SABOT Thierry : Histoire et généalogie : la petite histoire de nos ancêtres, n°8, deuxième partie (autour de l'identité, de la grossesse, du mariage, de la vie en famille, des mineurs orphelins, de la vie sociale et de la succession), Saint-Etienne, 2015. Arch. dép. du Gard : BIB BH 3908
  • Extrait des registres des délibérations de la commission administrative des hospices de Nîmes, éditeur sans réf., 1874. Arch. dép. du Gard : BIB FL 354
  • Instructions concernant l'administration et la comptabilité des hospices, des bureaux de bienfaisance et des enfants trouvés, Imprimerie royale, 1822. Arch. dép. du Gard : BIB P 471

Chronologie succincte de la période concernée nécessaire à la compréhension des documents

Le 21 mars 1804 le Code civil est promulgué

  • Introduit l'adoption simple sous le nom d'« adoption » (1804-1939).
  • Légalise la tutelle pour les enfants abandonnés ou non de moins de 15 ans par des particuliers, avec possibilité d'adoption à la majorité.

Le décret impérial du 19 janvier 1811

  • Officialise la création d'un service préfectoral dédié à l'aide aux enfants abandonnés et trouvés appelé « service des enfants abandonnés et trouvés ».
  • Confie leur tutelle aux établissements hospitaliers.
  • Augmente et définit les catégories d'enfants : enfants trouvés, enfants abandonnés, orphelins de familles pauvres tous appelés désormais « pupilles de l'Etat ».
  • Impose un seul hospice par arrondissement puis par département avec tour obligatoire.

L'arrêté du 25 janvier 1837

  • Rend les procès-verbaux obligatoires lors de l'abandon de chaque enfant avec tenue de registres.
  • Rend le placement à la campagne systématique à partir de 12 ans « à forfait » ou « à gages ».

La loi du 18 janvier 1849

  • Crée l'Assistance publique, service de l'Etat déconcentré qui assure l'aide sociale et médicale de la population, dont les enfants abandonnés. Les pupilles de l'Etat deviennent « pupilles de l'Assistance publique ».

La loi du 5 mai 1869

  • Organise la prise en charge d'une partie des frais d'entretien des enfants abandonnés et trouvés par l'Etat à travers des services dédiés à ces actions désormais appelés « services des enfants assistés », en collaboration avec les « services de l'Assistance publique » des Préfectures, les Conseils généraux, et les communes.
  • Confie la tutelle administrative aux commissions administratives des hospices auxquelles est désormais associée la compétence des inspecteurs départementaux.
  • Oblige les services « d'enfants assistés » à constituer un dossier individuel pour chaque pupille de l'Etat.

Les lois des 27 et 28 juin 1904

  • Réunissent et pérennisent les lois antérieures sauf sur les points suivants :
  • La tutelle des pupilles de l'Assistance publique est retirée aux hospices et confiée aux préfets,
  • Suppression du tour remplacé par le « bureau ouvert » avec possibilité de secret,
  • Création des « deniers pupillaires » : les biens laissés par les parents lors de l'abandon et revenus gagnés durant les placements sont remis à la majorité (levée de la tutelle).

La loi du 19 juin 1923 permet l'adoption simple de mineurs.

Le décret-loi du 29 juillet 1939

  • Crée le Code de la famille qui autorise les adoptions définitives d'enfants mineurs sur simple requête du couple candidat à l'adoption directement auprès des tribunaux civils.
  • C'est la Chambre du Conseil qui autorise ou non ce type d'adoption qu'on n'appelle pas encore « adoption plénière » mais « légitimation adoptive » (1939-1966).
  • Les nouveautés sont la rupture totale des liens filiaux entre la famille d'origine et l'adopté et le fait que l'adopté prenne le patronyme de l'adoptant.
  • L'adoption simple existe alors sous le nom d'« adoption ordinaire », dans les documents on trouve aussi simplement « adoption » (1939-1966).
  • Chaque département doit disposer d'une maison maternelle et accueillir sans formalité les femmes enceintes d'au moins 7 mois et les mères accompagnées d'un nouveau-né.

Le décret-loi du 2 septembre 1941

  • Instaure clairement l'accouchement dans l'anonymat et admet le secret de l'identité des mères.
  • Organise la gratuité de leurs frais d'hébergement et d'accouchement et décide de la prise en charge gratuite de la femme enceinte dans le mois qui précède et suit l'accouchement par le service de l'aide sociale

La loi du 15 avril 1943

  • Conserve secret le placement de l'enfant mais la mère ou la personne qui a présenté l'enfant peut en obtenir des nouvelles périodiquement.
  • Elargit la notion d'assistance : cas des pères et mères connus mais sans ressources
  • Rend l'abandon définitif et irréversible après un délai d'un mois, placement familial recommandé, apprentissage dans les campagnes.

L'ordonnance du 2 février 1945

  • Création des juges pour enfants.

La loi du 15 juillet 1955

  • Instaure la recherche de paternité lors d'abandon d'enfants.
  • Instaure la nécessité d'apporter une aide à l'enfant sans dénoncer le père.

1956 : l'ensemble des services d'aide sociale à l'enfance prend le nom d'Aide sociale à l'enfance (ASE).

Les décrets du 29 novembre 1953 et 7 janvier 1959

  • Confirment le droit à l'anonymat en le codifiant à l'article 42 du Code de la famille et de l'aide sociale.

L'ordonnance du 23 décembre 1958

  • Fait intervenir le juge des enfants dans les situations de détresse.
  • Crée des mesures d'intervention à domicile (AED) et en milieu ouvert (AEMO).

Autres infos disponibles sur la thématique

Accéder à la page Les pupilles, les enfants abandonnés ou assistés

Voir aussi celle intitulée Un justificatif ou un dossier administratif qui contient d'autres pistes susceptibles de vous intéresser (notamment pour des recherches plus récentes).