Colloque : "Figures politiques"
Images, représentations, portraits, caricatures dans le Midi rhodanien de 1789 à 1939
Jeudi 18 et vendredi 19 novembre 2021
Organisé par la Société d'histoire moderne et contemporaine de Nîmes et du Gard (SHMCNG)
Public : adultes (sans réservation dans la limite des places disponibles).
Lieux :
- Auditorium des Archives départementales du Gard
- Auditorium de Carré d’Art
- Musée des Beaux-Arts de Nîmes
Comité scientifique :
- MM. Bruno Bertherat, maître de conférences à l’université d’Avignon ;
- Armand Cosson, professeur honoraire de première supérieure ;
- Raymond Huard, professeur émérite des universités ;
- Didier Lavrut, professeur de première supérieure au lycée Alphonse Daudet de Nîmes ;
- Claude Mazauric, professeur émérite des universités ;
- Christophe Portalez, professeur agrégé d’histoire ;
- Pascal Trarieux, conservateur du musée des Beaux-arts de Nîmes ;
- Pierre Triomphe, adjoint au directeur des Archives départementales de Charente- Maritime.
Programme
⇒ Jeudi 18 novembre 2021 (matin)
Auditorium des Archives départementales du Gard
- 08h30 - Accueil des participants
- 09h00 - Ouverture du colloque par Didier Lavrut, président de la Société d’histoire moderne et contemporaine de Nîmes et du Gard
Figures politiques de la Révolution française
Président : Claude Mazauric, Professeur émérite des universités.
- 09h30 - Nathalie Alzas, Christian Achet : De Valréas à Versailles, jusqu’aux Enfers : mise en images et en abime de l’abbé Maury.
- 10h00 - Annie Duprat : Boyer de Nîmes, homme de plume et combattant pour le roi.
- 10h30 - Discussion Pause
- 11h00 - Martine Lapied : Madame Niel, de la femme d'influence à la victime.
- 11h30 - Anne-Marie Duport : Alexandre Paul Châteauneuf-Randon, dictateur local ou vrai républicain ?
- 12h00 - Christine Le Bozec : Boissy d’Anglas et la tête de Féraud.
- 12h30 - Discussion
⇒ Jeudi 18 novembre 2021 (après-midi)
Auditorium des Archives départementales du Gard
Figures politiques du premier XIXe siècle
Président : Raymond Huard, Professeur émérite des universités.
- 14h30 - Jonathan Barbier : Les médailles politiques de la Deuxième République ou l’héroïsation des figures républicaines. Les cas de Barbès et de Raspail.
- 15h00 - Pascal Trarieux : Une iconologie chère aux légitimistes nîmois : la figure de Henry V dans les collections de l'Académie de Nîmes.
- 15h30 - Discussion Pause
- 16h00 - Sébastien Rodier : Le buste de Paulin Talabot réalisé par Gustave Noblemaire.
- 16h30 - Cédric Maurin : L’iconographie de la construction de la figure « du bon père Roussel ».
- 17h00 - Discussion
⇒ Vendredi 19 novembre 2021 (matin)
Auditorium de Carré d’Art, Nîmes
Figures politiques du second XIXe siècle
Président : Frédéric Monier. Professeur d’histoire contemporaine à l’université d’Avignon et des Pays de Vaucluse
- 09h00 - Pascal Dupuy : Poire ou ventre mou ? Guizot dans l’œuvre de Daumier.
- 09h30 - Christophe Portalez : Représentations littéraires et iconographiques d'Alfred Naquet.
- 10h00 - Bruno Bertherat, Jonathan Barbier : Le masque mortuaire d’Émile Jamais (1893), culte du grand homme et culture matérielle sous la République.
- 10h30 - Discussion Pause
- 11h00 - Didier Travier : Louis-Nathaniel Rossel, un Nîmois dans la Commune. Visite de l’exposition « Louis-Nathaniel Rossel, un Nîmois dans la Commune » préparée par Didier Travier à la bibliothèque Carré d’Art de Nîmes.
⇒ Vendredi 19 novembre 2021 (après-midi)
Musée des Beaux-Arts de Nîmes
Figures politiques du premier XXe siècle
Présidente : Isabelle Ortega. Maîtresse de conférences en histoire médiévale à l’université de Nîmes
- 12h30 - Vernissage de l’exposition « Multiples facettes d’un artiste-poète, Albert Eloy-Vincent (1868- 1945) » préparée par Pascal Trarieux au Musée des Beaux-arts.
- 14h00 - Visite de l’exposition
- 14h30 - Raymond Huard : Eloy-Vincent, caricaturiste, et la représentation du personnel politique (fin XIXe - début XXe siècle).
- 15h00 - Roland Castanet : Une représentation de la haine ordinaire au sein des élections législatives de 1906
- 15h30 - Discussion Pause
- 16h00 - Frédéric Monier : Le taureau du Vaucluse Édouard Daladier : conflits de représentations et crises politiques dans les années 1930.
- 16h30 - Armand Cosson : La construction d’une figure politique régionale : Hubert Rouger, député-maire de Nîmes (1910-1940).
- 17h00 - Discussion
- 17h30 - Robert Chamboredon, Professeur honoraire de chaire supérieure : Synthèse et conclusion du colloque
Le mot de Didier Lavrut, président de la Société d'histoire moderne et contemporaine de Nîmes et du Gard (SHMCNG)
La grande familiarité des historiens et, en particulier, des historiens d'art avec la représentation figurée des personnages historiques, notamment dans leurs pratiques (recherches, enseignement, communications et publications….) relève parfois de l'illustration. On pense bien sûr aux portraits officiels des souverains de la monarchie d'Ancien Régime, mais aussi de la reconstruction figurée de nature historiciste de grandes figures (Charlemagne, Henri IV, François Ier…) ; on y associe souvent des représentations de batailles, de victoires militaires, ainsi que d’innombrables images allégoriques…. Mais qu’en est-il de la représentation de personnages contemporains telle que nous la connaissons dans l’intervalle déterminant qui s’ouvre avec 1789 et que nous avons choisi de clore à la veille de la Seconde Guerre mondiale ? La Révolution, en effet, a trouvé un nouveau champ iconographique dans la figuration héroïque – ou simplement documentaire – des nouveaux promus ou celle, satirique, des figures emblématiques de l’ancienne noblesse. Comment artistes peintres, sculpteurs, graveurs, dessinateurs, photographes ont-ils été conduits à montrer les personnages et témoigner de l'histoire de leur temps ? Comment les techniques nouvelles telles la lithographie, la photographie et la photogravure, accroissent-elles la diffusion de l’image des figures politiques ? Comment le regard que l’on pose sur elles devient-il porteur d'une charge signifiante, collectivement partagée ? Quel rôle la presse tient-elle dans cette accélération de la diffusion d’images ?
Du pasteur nîmois Rabaut Saint-Étienne à Édouard Daladier qui a commencé sa carrière à Carpentras, de Boissy d’Anglas originaire du Vivarais, en passant par l’abbé Maury de Valréas en Vaucluse et Guizot né à Nîmes, le Midi rhodanien a donné naissance à des figures politiques ayant rayonné au niveau national et ayant suscité portraits et caricatures sous formes de peintures, dessins, gravures, affiches, sculptures, bustes, monuments, monnaies, médailles, photographies, masques mortuaires… La mise en image n’a pas épargné – ou a célébré – des figures de la représentation nationale, élus du Midi rhodanien comme Châteauneuf-Randon, représentant de la Lozère à la Convention, le député boulangiste du Vaucluse, Alfred Naquet, Raspail, né à Carpentras et Émile Jamais dont Gaston Doumergue, comme lui originaire d’Aigues-Vives dans le Gard, reprend le fauteuil. Les grandes figures politiques municipales ont été bien-sûr mises en images comme, à Nîmes, Hubert Rouger ; et ceux que le destin, héroïque et tragique, place d’un coup dans la fournaise des grands événements comme le Nîmois Louis-Nathaniel Rossel, au cœur de la Commune ; et ces figures venues à la politique pour poursuivre ou parachever l’œuvre de leur vie comme le médecin Théophile Roussel ou le grand ingénieur, industriel et homme d’affaires, que fut Paulin Talabot : tous deux entrent en politique comme conseillers généraux et députés, en Lozère pour le premier, dans le Gard pour le second.
Ce colloque permettra, à n’en pas douter, de soulever des questions essentielles autour de la mise en image d’une figure politique, car la mise en image produit de la notoriété tout comme la notoriété permet la mise en image. Quelles circonstances particulières – y compris la mort, ici celle d’Émile Jamais et le moulage de son masque mortuaire – sont productrices d’images ? Quelle place tiennent les femmes, largement exclues de la vie politique au cours de cette période, dans les représentations de la vie politique et, plus largement, qu’en est-il des représentations genrées dans la mise en scène des figures politiques ? Celle de Madame Niel à Avignon permettra de creuser cette question. Quels marqueurs politiques accompagnent les acteurs politiques représentés ? Chargés de symboles, emblèmes et allégories, les modes de représentations sont porteurs d’un discours sans nuances, des caricatures, dont l’abbé Maury est l’objet, aux portraits officiels en passant par les médailles républicaines telles celles héroïsant François-Vincent Raspail, originaire de Carpentras. La caricature représente de façon privilégiée la violence du climat et des combats politiques comme le montre le travail de Boyer de Nîmes ou ce dessin dont est victime le député socialiste François Fournier lors des législatives de 1906 à Nîmes ; mais cette violence, lorsqu’elle s’exprime, permet d’ériger en modèle celui qui, comme Boissy d’Anglas, parvient à la maîtriser. Nous avons enfin voulu que ce colloque permette de questionner la manière dont se constituent puis se transmettent des corpus et des collections d’images de figures politiques. Celle du comte de Chambord est éclairante à bien des égards de la façon dont se construit à Nîmes un véritable culte de la personne. Et bien évidemment, la production d’images implique qu’il y ait des producteurs, qu’ils soient caricaturistes, peintres, graveurs, sculpteurs, dessinateurs tels, dans ce colloque, Boyer de Nîmes mais également Éloy-Vincent.
Si les images de figures politiques sont collectionnées, se transmettent, s’archivent, elles réapparaissent lors d’expositions dont l’existence même doit être interrogée : que signifie leur résurgence aujourd’hui ? Quelles raisons ou quelles circonstances justifient ou expliquent cette offrande nouvelle, parfois inédite, au regard ? Quels choix muséographiques ou artistiques sont opérés et quels critères de sélection des images sont avancés ? Le partenariat noué pour ce colloque avec Pascal Trarieux, conservateur du musée des Beaux-arts de Nîmes et Didier Travier, conservateur des fonds patrimoniaux de la bibliothèque Carré d’Art de Nîmes, est à cet égard exemplaire et nous les remercions chaleureusement. Pascal Trarieux a monté spécialement pour le colloque une exposition des œuvres d’Éloy-Vincent au musée des Beaux-arts, prélude à la communication de Raymond Huard ; Didier Travier, auteur d’une exposition sur Louis-Nathaniel Rossel à Carré d’Art, nous a proposé de nous la faire découvrir et d’apporter sa contribution aux réflexions qui seront les nôtres. C’est pourquoi les deux sessions de la seconde journée se dérouleront dans ces deux temples de la culture nîmoise. En amont, la traditionnelle sortie de septembre organisée par notre Société d’histoire moderne et contemporaine de Nîmes et du Gard, nous conduisait, en prélude à ce colloque et sous la conduite de Francine Cabane, professeure agrégée honoraire à la faculté d’Éducation de Nîmes, sur les traces dans Nîmes de la famille Rabaut, Paul le père et Jean-Paul Rabaut Saint-Etienne, le fils. La visite de la maison familiale permet de mesurer à quel point l’exposition des images, ici particulièrement discrète, témoigne du rapport mémoriel de la cité à son enfant politique.
Le Midi rhodanien recouvre cet espace dont le bas-Rhône constitue sur le plan géographique la colonne vertébrale, soit les départements ici représentés au travers des dix-sept figures politiques dont il sera question : le Gard et le Vaucluse qui largement dominent, plus au nord, l’Ardèche et, par extension, la Lozère. Il nous a semblé intéressant de jeter un pont scientifique au-dessus du fleuve, frontière bien trop commode pour ne pas tenter d’en faire l’économie, au moins dans les questionnements. Après tout, ce Midi rhodanien présente des configurations politiques particulières et au cours de notre période s’y sont affrontés sans aménité républicains et royalistes, rouges et blancs, conservateurs et promoteurs de l’idéal laïque. Pour autant, cela suffit-il à faire de cet espace un terreau iconographique original dans le cadre d’évolutions constatées également ailleurs ? Dès les toutes premières réflexions autour de la mise en œuvre de ce colloque, l’université d’Avignon et le Centre Norbert Élias en les personnes de Bruno Bertherat et Christophe Portalez, ont répondu présent et donné leur accord. Qu’ils soient chaleureusement remerciés.
L’organisation de ce colloque a bénéficié de nombreux soutiens auxquels nous exprimons ici toute notre gratitude et notre reconnaissance : la Ville de Nîmes en la personne de son maire, M. Jean-Paul Fournier, et celle de son adjointe déléguée à la Culture, Mme Sophie Roulle ; le Conseil départemental en la personne de sa présidente, Mme Françoise Laurent-Perrigot et celle du vice-président délégué à la Culture, au Patrimoine et à l’Éducation artistique, M. Patrick Malavieille ; M. Alain Penchinat et la société Les Villégiales ; les Archives départementales du Gard, leur directrice, Mme Pascale Bugat, et l’ensemble de ses collaboratrices et collaborateurs ; l’université de Nîmes et l’université d’Avignon. Je ne saurais oublier celles et ceux dont l’aide a été précieuse à un moment ou à un autre de la préparation : notre référente à la direction des Affaires culturelles de la ville, Mme Sophie Burgoa ; Mme Stella Biaggini qui a conçu l’affiche du colloque et la couverture du programme ; Mme Lisa Laborie-Barrière, conservatrice du musée du Vieux Nîmes et Mme Aleth Jourdan, précédente conservatrice ; Mme Sandrine Malon- Boucherat, cheffe du service des Archives de la Ville d’Annonay et sa collaboratrice, Mme Amandine Castillon ; nous ne saurions oublier les membres du comité scientifique chargé de la préparation du colloque – Claude Mazauric en premier lieu – dont les noms suivent un peu plus loin et dont l’aide a été précieuse pour réunir un tel panel d’universitaires – en activité, émérites et honoraires – professeurs, maîtres de conférences, chargés de cours à l’université, de professeurs de classes préparatoires honoraires ou non, d’enseignants du secondaires, de doctorants et docteurs, de conservateurs d’archives ou de musées.
Enfin, ce colloque marque le 40ème anniversaire de la Société d’histoire moderne et contemporaine de Nîmes et du Gard, née en 1980 de la volonté d’un groupe de professeurs, archivistes, conservateurs de musée, académiciens, archéologues de stimuler la recherche en histoire moderne et contemporaine alors laissée largement en friche et de mettre en valeur le patrimoine moderne et contemporain de la ville. Si au départ, en effet, la société ne s’intéressait qu’à Nîmes, elle a rapidement étendu le champ de ses attributions au département. Raymond Huard, alors professeur d’histoire contemporaine à l’université de Montpellier et qui fut l’un des fondateurs et le premier président de la société, ainsi qu’Armand Cosson, autre fondateur, alors professeur au lycée Alphonse Daudet, interviennent au cours de la quatrième session de ce colloque. Pour cet anniversaire, nous avons édité un volume hors-série de notre revue dans lequel nous faisons – en bons historiens – tant l’inventaire que l’analyse de ces quarante années d’existence. On y découvrira que, parmi nos multiples activités, l’organisation de colloques n’a jamais failli et celui-ci en constitue le dix-huitième opus. C’est tout le travail et l’engagement jamais compté des membres du Conseil d’administration de la SHMCNG que nous saluons en remerciant chacun d’entre eux pour la contribution décisive qui est la leur depuis le début ; parmi eux, tout particulièrement et bien amicalement Pascal Trarieux, coorganisateur de ce colloque et dont la science a été si précieuse. Enfin, je tiens à remercier aussi chaleureusement qu’il est possible Robert Chamboredon, président en exercice de la SHMCNG au moment où a été imaginé ce colloque. La paternité lui en revient, celle de l’idée générale, celle de ses bornes chronologiques, celle des premiers contacts avec l’université d’Avignon. Nous sommes heureux qu’il ait accepté de prendre en charge le difficile exercice de synthèse qui va clore ce qui sera à n’en pas douter un riche moment de réflexion, d’érudition et d’échange amené à faire progresser la recherche et la connaissance de l’histoire culturelle et politique du Midi rhodanien.
Didier Lavrut, président de la SHMCNG