La Libération dans le Gard
Avant-propos de la brochure
L'année 2014 marque le 70ème anniversaire de la Libération et c'est l'occasion pour les Archives départementales d'évoquer cette page de l'histoire du Gard. La tradition de résistance est ancienne, dans notre département, depuis les épisodes des guerres de religion ou de la guerre des Camisards et, dès 1943, l'on a vu se constituer, notamment dans les Cévennes qui furent le Refuge des huguenots, de nombreux groupes de maquisards qui ont participé très activement à la libération de notre territoire. Des épisodes tragiques s'y sont déroulés, comme le combat du maquis d'Aire-de-Côte, ou, au cours de l'été 1944, ceux d'Euzet-les-Bains ou de Saint-Just-et-Vacquières, sans oublier l'attaque du Vigan par le maquis Aigoual-Cévennes du 10 août 1944 au cours duquel périt le chef du maquis Aigoual-Cévennes le commandant Marceau (Marcel Bonnafous).
À travers des document originaux, qui reflètent l'atmosphère très particulière de cette époque, les visiteurs de l'exposition pourront découvrir les différentes étapes de la libération du département au cours de l'été 1944, jusqu'à la mise en place du comité départemental de la Libération chargé d'administrer le département avant les élections de 1945. A été conçu également un parcours pédagogique adaptés aux différents niveaux scolaires car il est important de transmettre aux nouvelles générations le souvenir de ceux qui se sont battus, parfois jusqu'à la mort, pour défendre leur pays et leurs valeurs.
Damien ALARY
Président du Conseil général du Gard
Vice-Président de la Région Languedoc-Roussillon
Introduction de la brochure
Le débarquement allié en Afrique du Nord en novembre 1942 marque la fin de la Zone Libre et le début de l’occupation du Gard par les troupes allemandes à compter du 11 novembre 1942. Les dates d’arrivées fluctuent selon les villes : Nîmes est occupée dès le 11 novembre 1942, Alès le 6 décembre 1942, Anduze le 1er janvier 1943, Saint-Ambroix le 3 juin 1943. Ainsi, ce sont 10 700 soldats de la Wehrmacht qui s’installent dans une trentaine de localités gardoises à partir de novembre 1942, dont 2 158 à Nîmes. L’occupant déploie ses troupes : Villeneuve-les-Avignon abrite le quartier général de la 19ème armée commandée par le général Wiese (à laquelle appartient la 9ème Panzerdivision SS du général Bittrich). Montfrin et Saint-Privat, à proximité du Pont du Gard, sont respectivement le siège de la 2ème division aérienne et d’un corps d’armée.
Au fil des mois, la situation économique du département s’aggrave et l’occupation allemande accentue ce phénomène notamment dans les villes où les restrictions deviennent drastiques. En 1944, la pénurie augmente considérablement tout comme les réquisitions. Le marché noir gangrène l’économie tandis que la production française est mise au profit de l’occupant qui entend profiter d’une main d’œuvre gratuite en créant le Service du Travail Obligatoire le 16 février 1943. Les réfractaires au STO vont alors gonfler les effectifs de la Résistance en rejoignant les premiers maquis organisés.
A une situation économique désastreuse s’ajoute par ailleurs une politique collaborationniste menée par Angelo Chiappe, préfet du Gard. En 1940, le Gard a une réputation de département difficile de par la forte implantation du Front Populaire et du Parti Communiste Français. Le Gouvernement de Vichy nomme Angelo Chiappe, fervent pétainiste, préfet du Gard en septembre 1940. Ce dernier met en œuvre avec zèle les instructions du Gouvernement en réprimant les communistes et les résistants. Il procède à la dissolution de 63 conseils municipaux dans les principales villes dont Nîmes, Beaucaire, Alès, Bessèges et la Grand-Combe, tout en bénéficiant de l’appui de la Milice créée le 2 mars 1943 dans le Gard.
Cette politique soulève cependant de nombreuses résistances et même si l’attentisme prédomine face à la répression, beaucoup refusent le ralliement au régime de Vichy et s’organisent en réseaux de mieux en mieux structurés.