L'eau, élément vital de consommation : la Source Perrier
La source Perrier est née il y a 120 millions d’années lorsque l’eau s’infiltrant sous terre a rencontré le gaz d’origine volcanique remontant à la surface.
Les deux éléments se sont frayé un chemin au gré des fissures ouvertes dans les roches calcaires avant de jaillir à la surface par des failles perméables dans un aspect bouillonnant lié au dégagement de dioxyde de carbone, donnant le nom du lieu-dit abritant la source "Les Bouillens".
Les premières traces d’exploitation de la source sont romaines.
Un bassin romain a en effet été découvert lors de travaux en 1830 à proximité de la source. Le premier propriétaire connu en 1232 est Guillaume de Vézénobres. Au fil des héritages, la propriété de ce bien noble revient à Louise de Gaude qui le vend à son tour aux Ursulines de Montpellier en 1667. Les religieuses vendent ce bien en 1762 à Claude Vincent Granier qui prend le titre de coseigneur de Vergèze. Le bien est conservé par la famille pendant la Révolution et Guillaume Vincent Granier fait réaliser des travaux en 1830 mettant à jour les restes du bassin romain.
Des études médicales entreprises dans les années 1840-1850 confirment les vertus des eaux et du gaz naturel.
Alphonse Granier, fils de Guillaume a donc l’idée d’exploiter cette eau qui a la réputation de guérir les maladies de peau. Il clôture les terres en 1857 autour de l’eau qui n’est encore qu’une mare à cette époque. Napoléon III signe le décret de reconnaissance de "qualité d’eau minérale naturelle" le 23 juin 1863 et Alphonse Granier fait construire un hôtel et des cabines de bain.
Louis Rouvière, propriétaire et négociant établi à Vergèze, qui rachète le domaine en 1887 accorde le bail d’exploitation de la source au docteur Louis Eugène Perrier, alors directeur des établissements thermaux d’Euzet-les-Bains et des Fumades.
Ce dernier trouve des financements pour la création d’une nouvelle station thermale et d’une station d’embouteillage. Louis Perrier achète la source et les terrains dix ans plus tard pour créer la Société des eaux minérales, boissons et produits hygiéniques de Vergèze.
Sir Saint John Harmsworth rachète la source au docteur Perrier en 1903 et délaisse le thermalisme au profit de la vente d’eau embouteillée, rebaptisant l’entreprise Compagnie de la source Perrier, en hommage à celui qui a su la mettre en valeur.
Il investit donc dans une usine complètement novatrice avec une mécanisation complète des opérations. Le lavage des bouteilles, le tirage et l’embouchage sont entièrement automatisés, seul l’étiquetage reste encore manuel.
C’est à cette époque que la célèbre bouteille en forme de massue est créée. La production est essentiellement exportée vers les colonies anglaises. La production ralentie un temps lors de la guerre 1914-1918 est relancée après-guerre tant en France qu’à l’exportation. La source Perrier produit alors 19 000 000 bouteilles par an dont 10 000 000 partent à l’exportation. La production décline à nouveau lors de la Seconde Guerre mondiale impactée par les pénuries et les réquisitions allemandes. La demande repart après-guerre mais de coûteux investissements sont nécessaires pour moderniser la production.
Les actionnaires doutant de la pérennité de l’entreprise préfèrent vendre. La banque Morin-Pons finit par racheter 95 % des actions de la source Perrier fin 1947.
Parmi les nouveaux actionnaires, figure Gustave Leven qui devient rapidement le PDG de l’entreprise. Il s’attèle dès lors à moderniser l’entreprise en construisant une usine moderne de 26 000 mètres carrés en 1950. Les bouteilles sont produites par la verrerie du Languedoc à partir de 1973. Un service commercial est créé et lance les premières campagnes publicitaires qui rencontrent un franc succès auprès du public.
En 1986, l’ensemble compte 3 000 salariés avec quatre fours qui débitent 120 000 bouteilles à l’heure. Rachetée par Nestlé en 1992, la marque n’a pas pour autant disparue.