Petit arrangement avec les morts
Au début du mois de novembre, on va traditionnellement se recueillir dans les cimetières et entretenir les tombes des défunts.
Depuis le Xe siècle en effet, l’Église catholique a fixé au 2 novembre (lendemain de la Toussaint) le jour de célébration de tous les défunts.
À cette occasion, les fidèles se rendaient à la messe et allumaient des chandelles dans les cimetières. Au XIXe siècle, cette pratique a été progressivement remplacée par le fleurissement des tombes, tel qu’on le connaît encore aujourd’hui.
Depuis les débuts de la christianisation, les cimetières étaient situés à proximité immédiate des lieux de culte, ce qui n’allait pas sans occasionner de sérieux problèmes d’hygiène et de police. Ce n’est qu’à partir du XIXe siècle que les autorités se préoccupent des problèmes posés par l’implantation des cimetières au cœur même des villes.
Une croyance, un cimetière
Le décret du 23 prairial an XII (12 juin 1804) prescrit alors d’établir les cimetières « sur des terrains spécialement consacrés à l’inhumation hors des villes ou des bourgs, les plus élevés et exposés au nord, clos de murs de deux mètres au moins d’élévation (…) ; et que, dans les communes où l’on professe plusieurs cultes, chaque culte devra avoir un lieu d’inhumation particulier et que, dans le cas où il n’y aurait dans ces communes qu’un seul cimetière, il doit être partagé par des murs, haies ou fossés en autant de parties qu’il y a de cultes différents… ». Sur la base de ce texte ont été créés dans la plupart des communes les cimetières qui existent encore aujourd’hui, après transfert des anciennes sépultures.
Ensevelis dans les églises
Sous l’Ancien Régime, l’enterrement dans un cimetière n’était toutefois pas systématique et il était assez fréquent que des personnes, appartenant souvent à des classes aisées de la société, aient droit à un ensevelissement dans une église, tel celui-ci, porté sur le registre du couvent des Récollets de Sommières : « en 1704 et le 20 avril, sur les 5 heures, fut enseveli noble Thomas Fitzgerald, irlandais de nation, officier réformé dans les troupes de France, qui mourut d’une blessure qu’il avait reçue dans le combat qui se donna à Nages le 16 du mois contre les fanatiques. On peut regarder ce saint homme comme un véritable martyr de Jésus-Christ ; le zèle de la religion catholique lui avait fait abandonner son pays, ses biens et ses parents. Et c’est le même zèle de religion qui l’avait engagé si avant dans le combat où il reçut cette plaie précieuse devant Dieu, et glorieuse devant les hommes. Les sentiments de piété qu’il témoigna avant la mort édifièrent les véritables fidèles et ne nous laissent pas lieu de douter qu’une si belle mort ne soit précieuse devant Dieu ». L’enluminure qui orne une page de ce registre illustre bien les manières de croire de l’époque.
Le droit de sépulture s'étendait parfois à des familles sur plusieurs générations, témoin cette page du Livre de généalogie de la famille d'Auvellier qui ont droit de sépulture (...) dans l'église des Pères Récollets de la ville de Nismes (1708), reproduisant la pierre tombale qui figurait dans cette église démolie au XIXe siècle.