La défense passive

Qu’est-ce que la défense passive ?

La défense passive consiste en temps de guerre à limiter les risques encourus par la population lors de bombardements.

Différentes mesures de protection sont établies en vue d’assurer une sécurité des civils et d’atténuer les conséquences des attaques aériennes grâce à une organisation des secours appropriée.

La notion de défense passive voit le jour au début des années 1930, à la veille de la Seconde Guerre mondiale. Mais ce n’est qu’à partir de la parution de la notice du 31 mars 1938 sur l’organisation et le fonctionnement des services sanitaires en matière de défense passive que le terme est véritablement employé.

Dans chaque département, le préfet veille à l'organisation et à l'exécution des mesures de défense passive. Il dispose du concours des maires qui ont un rôle de premier plan dans le déploiement des dispositifs d’alerte et de sécurité.

Une commission départementale de défense passive est créée dans chaque département sous la présidence du préfet. Elle étudie toutes les questions relatives à la préparation et à la mise en œuvre de la défense passive (calfeutrage des fenêtres la nuit pour dissimuler tout rai de lumière et peinture des vitres en bleu, systèmes d’alertes avec les sirènes sonores, construction de réseaux souterrains par l’aménagement de caves, d’abris et de tranchées, informations relayées aux civils par le biais de l’affichage, de la radio ou de la presse).

Nous conservons dans l’article 1 M 881 une petite brochure d’information destinée aux civils pour leur indiquer la marche à suivre en cas d’attaques aériennes.

La défense passive y est expliquée, les différentes sortes de bombes (explosives, incendiaires, à gaz toxique) sont décrites et on y apprend comment se protéger chez soi ou dans des abris, comment lutter contre les incendies et les gaz et comment porter secours aux blessés.

Une autre brochure réalisée par un médecin (1 M 881) explique le péril aérien et le rôle de la défense passive qu’il définit comme "l’art de protéger la vie humaine des atteintes de l’ennemi". Il regroupe le danger aérien en cinq catégories :

  • les projectiles
  • les bombes explosives
  • les bombes incendiaires
  • les gaz
  • les microbes.

Ce document délivre plusieurs enseignements concernant les mesures à prendre selon les différents types d’attaque. Hormis les règles élémentaires de survie, ces différentes brochures d’information insistent sur l’importance de la préparation individuelle des civils (masques à gaz, réserves de vivres, autodiscipline, gestion du stress, entraînement…) en plus des mesures collectives.

L’organisation de la défense passive dans la ville de Nîmes

La ville de Nîmes, qui disposait d’un premier plan de défense passive bien avant 1938, présente un nouveau rapport à la commission urbaine de défense passive le 27 septembre 1938, soit un an avant le déclenchement des hostilités.

Nous conservons l’intégralité de ce rapport dans l’article 5 M 71. Le poste de commandement de la défense passive se situe aux arènes sous la direction d’un médecin, chef des services sanitaires de la défense passive. En cas de bombardement, plusieurs équipes d’intervention sont en capacité d’agir comme suit :

  • les équipes de premiers secours composées de 8 infirmiers, 4 brancardiers, 6 brancardiers cyclistes ;
  • les équipes chirurgicales volantes : 6 équipes au total ;
  • les postes de secours répartis sur 5 secteurs : 1er secteur (maison de santé), 2e secteur (dispensaire Gambetta), 3e secteur (hospice d’humanité), 4e secteur (dispensaire Turgot), 5e secteur (dispensaire d’hygiène sociale) ;
  • les postes de lavage en charge de la désintoxication des victimes de bombardements par gaz avec un chef de poste, 5 agents et plusieurs employés ;
  • les hôpitaux de débordement avec principalement l’hôpital militaire de Besançon, rue de la Biche, d’une capacité de 150 lits, relayé si nécessaire par le lycée de garçons avec 200 lits et le collège technique rue Dhuoda avec 250 lits ;
  • le service de désinfection et de détection comprenant un laboratoire de détection et de désinfection dans chaque poste de secours avec 1 pharmacien, 2 détecteurs et 4 désinfecteurs ;
  • le service des transports sanitaires avec 5 ambulances municipales, 2 ambulances de la Croix-Rouge, 5 camions de la Croix-Rouge.

La morgue est localisée dans la salle de gymnastique du lycée de garçons, entrée rue Tédenat.

Au total, 184 agents, infirmiers, secouristes, bicyclistes ou estafettes sont mis à la disposition de la défense passive par la Croix-Rouge.

Chaque équipe doit pouvoir intervenir successivement pour porter secours aux victimes.