Le passage du temps

Depuis toujours, les hommes cherchent à se situer dans le temps en observant le cycle des saisons, celui du jour et de la nuit. Au fil des siècles, de nombreuses théories ont été élaborées pour appréhender et se représenter le temps.

La notion du temps peut être étudiée sous trois angles différents, la chronologie d’abord, désignant une succession d’événements, la simultanéité ensuite pour signifier la concomitance de deux événements dans des lieux différents et la durée enfin, liée à la mesure du temps.

Nous n’avons aucune prise sur le temps que nous ne pouvons ni arrêter, ni contrôler. Nous pouvons seulement l’organiser grâce à l’élaboration de calendriers et d’horloges qui nous permettent de nous situer dans le temps.

Imperceptible par nos cinq sens, très subjectif, le temps est souvent vécu comme une fatalité irréversible. Certains écrivains et poètes ont d’ailleurs immortalisé par l’écriture le temps qui passe et nous emporte.

"L’horloge" par Charles Baudelaire

Ce poème apparaît à la fin de la première section de "Spleen et idéal" des Fleurs du Mal. Il est composé de 6 quatrains, totalisant 24 vers, allusion aux 24 heures de la journée. Chaque quatrain compte 4 vers comme autant de quarts d'heures. Les rimes sont alternées, rappelant le mouvement de va-et-vient du balancier.

Il rappelle aux hommes qu'ils sont mortels.

Chaque strophe traduit un aspect du temps :

  • la première strophe évoque l'instrument que les hommes ont inventé pour le mesurer : l'horloge ; 
  • la seconde suggère le caractère éphémère du plaisir ; 
  • la troisième évoque la fuite du temps ; 
  • la quatrième invite à profiter du présent ;
  • la cinquième rappelle la force du temps ;
  • et la dernière enfin parle de la dernière heure.

Des outils pour mesurer le temps

Le cadran solaire est apparu probablement en Asie Mineure dès le VIe siècle av. J.-C. Les Chinois s’en seraient également servis vers 2600 av. J.-C.

Entre 1600 et 1400 av. J.-C., en Égypte, un bol percé appelé clepsydre, permettait de mesurer le temps grâce à un principe d’écoulement de l’eau. Les Grecs, les Arabes et les Chinois amélioreront plus tard ce procédé.

Les premières horloges mécaniques apparaissent en France, en Italie, en Allemagne et en Angleterre au XIVe siècle.

Elles fonctionnent avec le foliot, un balancier oscillant grâce à une roue associée à un poids.

À la fin du XVIe siècle, Galilée, physicien et astronome, note le balancement régulier d’un pendule. En 1657, Christian Huygens, mathématicien et astronome néerlandais, reprend les observations de Galilée et met au point la première horloge à pendule.

Beaucoup plus tard, en 1929, l’américain Warren Morrison invente l’horloge à quartz. Les montres et les horloges modernes fonctionnent grâce à un mécanisme constitué d’une plaquette de cristal de quartz, d’un moteur, d’une pile et d’une bobine envoyant le signal au moteur.

Le temps est aujourd’hui appréhendé scientifiquement sur la base de la vitesse de déplacement. Les outils pour mesurer le temps se sont perfectionnés. Les horloges atomiques, mises au point aux États-Unis dans les années 1950, sont ainsi particulièrement précises. Elles ne dérivent que d’une seconde tous les trois millions d’années, alors qu’une montre à quartz peut dériver de 15 secondes par an.

La journée de 24 heures est un héritage des astronomes de Babylone qui représentaient une année par un cercle de 360 jours, 360 degrés, divisé en sections.

Les fuseaux horaires sont utilisés au début du XXe siècle pour unifier l’heure sur l’ensemble de la planète et permettre ainsi aux voyageurs d’adapter l’heure en fonction de leur destination.

La mise au point des calendriers

L’observation des astres a permis la création de calendriers basés sur la connaissance des phénomènes d’alternance du jour et de la nuit, de successions des phases lunaires et de cycles saisonniers. Les activités solaires permettent également de connaître précisément les durées alternatives entre le jour et la nuit. Plusieurs civilisations ont d’ailleurs élaboré leur calendrier en combinant les activités lunaires et solaires (Musulmans, Chinois, Hindous…).

Lors des équinoxes, en mars et septembre, le soleil est situé au niveau de l’Équateur, le jour et la nuit ont alors la même durée. Lors des solstices, en juin et décembre, le soleil surplombe un tropique, Cancer ou Capricorne, la durée du jour diffère alors selon les hémisphères Nord et Sud.

Le calendrier occidental ou grégorien de 365 jours a été élaboré au XVIe siècle sur la base de l’année solaire.

Dans ce calendrier, où une année correspond à 365,25 jours, le soleil se situe au même endroit chaque année à la même date. Aussi, pour retrouver l’équilibre, un jour supplémentaire est rajouté tous les quatre ans lors de l’année bissextile qui comprend 366 jours par l’ajout du 29 février.

L'année n'a toutefois pas toujours commencé au 1er janvier. Jusqu’en 1563, l’année commençait en effet dans certains lieux du royaume le 25 mars, jour de l'Annonciation alors que dans d’autres zones géographiques, l’année débutait à Pâques ou encore à Noël.

C’est l'article 39 de l'Édit de Paris pris en janvier 1563 par Charles IX, qui fixe pour tout le royaume le début de l'année au 1er janvier à partir de l’année 1564.

Le jeune roi entend ainsi uniformiser l’année civile pour tout le royaume, alors plongé en pleine guerres de religion. En effet, le choix de la date s’expliquerait par la volonté de retrouver la concorde entre catholiques et protestants qui se déchirent. Le roi peut également asseoir son hégémonie politique en choisissant une date ne correspondant à aucune fête religieuse.

Les magistrats, les lettrés et surtout les prêtres qui enregistrent les baptêmes, les mariages et les décès dans chaque paroisse sont les premiers concernés par cette mesure.

Transcription

Minutier de 1485-1488 - Arch. dép du Gard : 2 E 1 31 - Page de droite, premier paragraphe en haut :

« Hic mutatur annus millesimus IIIIC IIIIXX quintus in annum Domini millesimum IIIIC IIIIXX sextum ab Incarnatione sumptum et diebus infrascriptis »

« Ici l'année 1485 change pour l'année du Seigneur 1486, comptée à partir de l'Incarnation et par les jours ci-dessous ».