L’antisémitisme dans le Gard durant la Seconde Guerre mondiale

La législation anti-juive

  • Le premier statut des Juifs, promulgué le 3 octobre 1940, définit le Juif comme "toute personne issue de trois grands-parents de race juive ou de deux grands-parents de la même race, si son conjoint lui-même est juif". Cette première loi anti-juive interdit l’accès à certaines professions, notamment dans la fonction publique. Le Commissariat général aux questions juives est créé en mars 1941 par le gouvernement de Vichy.
  • Le second statut des Juifs est promulgué peu après, le 2 juin 1941.

L’étau se resserre encore pour les personnes juives qui se voient dans l’impossibilité d’exercer de nombreuses professions, tant dans le domaine public que privé.

Par ailleurs, leur accès dans les lieux publics est de plus en plus limité avant de devenir interdit, tandis que leurs biens propres sont scrupuleusement répertoriés.

Le recensement de tous les Juifs vivant en zone non occupée devient obligatoire.

Si le port de l’étoile jaune reste obligatoire uniquement pour les Juifs vivant en zone occupée, Pétain rend obligatoire la mention "Juif" sur les papiers d’identité pour ceux résidant en zone libre.

Fervent pétainiste et collaborateur notoire, Angelo Chiappe est nommé préfet du Gard en septembre 1940.

Il met en œuvre avec zèle les instructions du gouvernement de Vichy en réprimant les communistes et les résistants.

Il procède à la dissolution de 63 conseils municipaux dont ceux de Nîmes, Beaucaire, Alès, Bessèges et La Grand-Combe, tout en bénéficiant de l’appui de la Milice créée le 2 mars 1943 dans le Gard.

Le fichier juif

Angelo Chiappe sollicite également ardemment les maires du Gard pour dresser la liste des Juifs sur leurs communes et faire appliquer les lois anti-juives.

Ces fiches recensent les Juifs par nom, nationalité, domicile et profession.

La préfecture du Gard comptabilise ainsi 1 669 Juifs, dont 738 étrangers.

1 022 Juifs sont recensés à Nîmes dont 700 réfugiés.

Ces fiches ont été élaborées à partir des déclarations individuelles directement envoyées par les Juifs en préfecture.

En effet, le second statut des Juifs du 2 juin 1941 leur impose de produire une déclaration individuelle sur laquelle doivent figurer leur état-civil, leur situation familiale et l’inventaire de tous leurs biens mobiliers, immobiliers et leur fortune.

Bien que ne comprenant pas toute la finalité de ce recensement, les Juifs, soucieux de se mettre en conformité avec la loi, produisent pour la grande majorité d’entre eux ladite déclaration.

Cette large opération de recensement permet d’identifier, dans la zone non occupée, de nombreux Juifs non répertoriés jusqu’alors.

Les préfets de la zone sud reçoivent d’ailleurs à cet effet, le 29 juillet 1941, une circulaire du secrétaire d’État à l’Intérieur leur précisant scrupuleusement les modalités du fichage.

L’ensemble de ces fiches sont conservées aux Archives départementales du Gard.

Les Juifs sont classés par nationalité avec d’une part les Juifs français et d’autre part les Juifs étrangers.

Sont également conservées de nombreuses listes nominatives de Juifs français et étrangers résidant dans le département du Gard ainsi que les déclarations individuelles de leurs biens inscrites sur papier libre.

Toutes ces données ont été transmises au Commissariat général aux questions juives (CGQJ) dans le but d’établir un grand fichier des Juifs de France.

Cette opération s’est poursuivie jusqu’en 1944, nécessitant une importante duplication des fiches.

Ces fiches ont largement facilité l’arrestation des Juifs lors de rafles inopinées où les Juifs étrangers sont d’abord visés.

Les rafles dans le Gard

Les arrestations d’Israélites étrangers dans le Gard débutent au mois d’août 1942.

Menées par des gendarmes français, elles visent d’abord ceux qui sont rassemblés dans les groupements de travailleurs étrangers (GTE) disséminés sur le département.

Les rafles se poursuivent avec l’arrestation de 120 civils dans la nuit du 25 au 26 août 1942.

Les premiers Nîmois d’origine sont déportés le 18 juillet 1943. Les rafles se succèdent les mois suivants.

Beaucoup de Juifs parviennent toutefois à se soustraire aux rafles en trouvant refuge d’abord dans la garrigue nîmoise puis dans les Cévennes, terre de refuge. D’autres encore gagnent la Suisse grâce à des filières de bénévoles.

Au total, près d’un déporté juif sur deux du Gard ne reviendra pas des camps de la mort.