L’école de la IIIe République
La IIIe République symbolise l’institution de la gratuité de l’enseignement, de la laïcité et de l’obligation scolaire jusqu’à l’âge de 13 ans, grâce aux lois Jules Ferry du 16 juin 1881 et du 28 mars 1882. La loi de séparation des Églises et de l’État, votée le 9 décembre 1905, institue la laïcité dans l'ensemble des actions de l’État. L’école primaire républicaine et laïque assoit ainsi le principe démocratique de la République française, libre et égalitaire.
Le fonctionnement des écoles primaires publiques
⇒ Les « mairies-écoles » ou « écoles-mairies »
Avec la mise en place des lois Ferry de 1881 et 1882 sur l’enseignement obligatoire, laïc et gratuit, chaque commune doit se doter de sa propre école publique. Une loi du 5 avril 1884 impose en parallèle à chaque commune d'aménager un « hôtel de ville », lieu indépendant de la maison du maire et représentatif de la République. La mairie occupe généralement l’espace central de ce bâtiment, tandis que l’école est répartie dans les deux ailes latérales, l’une généralement consacrée aux garçons, l’autre aux filles. Ce regroupement architectural permet d’étendre le processus de laïcisation des écoles primaires au cœur même des campagnes.
⇒ La formation des instituteurs
Les futurs instituteurs et institutrices sont formés à l’École normale primaire. Ils y préparent le brevet supérieur pour enseigner dans les écoles publiques et doivent décrocher en parallèle un certificat d’aptitude pédagogique pour obtenir un poste.
⇒ La salle de classe
Les élèves disposent de tables et bancs solidaires, alignés en rangées parallèles et espacés pour permettre la libre circulation du maître. Le poêle est l’élément central de la classe. L’instituteur dispose d’un bureau placé sur une estrade afin de dominer la classe. Un grand tableau noir est placé derrière lui, sur lequel il peut chaque matin inscrire la date du jour et la leçon de morale qui va introduire la journée de classe. Une carte de France est toujours accrochée sur un pan de mur pour les leçons d’histoire et de géographie. La discipline est de mise et les meilleurs élèves sont récompensés par les bons points.
⇒ Programme et enseignement
L’enseignement dans les écoles primaires est réparti sur trois niveaux de cours, par périodes de deux ans : le cours élémentaire (élèves de 7 à 9 ans), le cours moyen (9 à 11 ans) et le cours supérieur (11 à 13 ans). Durant ces trois cours, l’élève apprend les mêmes choses mais de façon différente. Le programme est composé de l’instruction morale et civique, de la lecture et l’écriture, de l’histoire et la géographie, des mathématiques, des sciences naturelles, des travaux manuels, de la gymnastique, d’exercices militaires pour les garçons et de travaux de couture pour les filles. La morale occupe une place prioritaire dans l’enseignement de la IIIe République. Les journées commencent toutes par un quart d’heure de morale. L’occasion de rappeler les bonnes conduites d’hygiène à adopter quotidiennement pour lutter contre les différents fléaux (alcoolisme, tuberculose, scoliose…)
⇒ Le certificat d’études primaires
L’élève doit être âgé d’au moins 11 ans pour participer aux épreuves. Les épreuves écrites consistent en une dictée, deux questions d’arithmétique et une rédaction. Les deux épreuves orales consistent en une lecture expliquée et des questions d’histoire et de géographie. Très sélectif, le certificat d’étude reste redouté des nombreux candidats avec seulement 15 % d'obtentions en moyenne en 1882 (50 % en 1936). Le réussir est donc le gage d’une ascension sociale pour les élèves issus de milieux modestes. Il constitue en ce sens la fierté de l’école de la IIIe République qui entend former les futures élites de la nation.
Illustrations (ci-dessous) : Copies de Marcelle Parent, candidate qui présente le certificat d’études primaires au centre d’Anduze le 20 juin 1923. (Arch. dép. Gard : 1 TIA - Non coté).