L’âge d’or des publicités

C’est par la presse que la publicité a vu le jour au début du XVIIème siècle. Théophraste Renaudot crée en 1631 la Gazette, périodique dans lequel sont diffusées toutes sortes de petites annonces concernant l’achat et la vente de biens et objets. Ces débuts sont toutefois bien timorés et il faut attendre le début du XIXème siècle pour que la publicité commence à s’imposer dans les journaux.

D’abord dans la presse parisienne, où les encarts publicitaires viennent déjà vanter les grands magasins de mode ou actions de sociétés. L’illustration n’existe pas encore mais la presse y trouve très vite un intérêt lucratif. Emile de Girardin comprend d’ailleurs tout l’intérêt de la publicité. Il fonde le journal La Presse en 1836. Dans ce journal politique, agricole, industriel et commercial, la publicité occupe une place aussi importante que la rédaction. Cette stratégie commerciale lui permet ainsi de réduire les coûts de fabrication et donc le prix de vente du quotidien.

Cependant, la publicité peine encore à s’imposer en France en ce début du XIXème siècle, comparativement aux pays anglo-saxons déjà très en avance sur cette pratique. Plusieurs raisons semblent expliquer ce désintérêt. La méfiance de l’Église catholique d’une part, qui voit en la publicité une perversion éloignant l’esprit du spirituel, le rejet des forces politiques socialistes d’autre part pour qui la publicité ne sert que les intérêts capitalistes et la résistance des « commis-voyageurs » enfin, ces représentants de commerce qui parcourent la France et pour lesquels la publicité constitue une concurrente redoutable.

L’industrialisation massive dans la deuxième moitié du XIXème siècle stimule la croissance publicitaire en France alors qu’émergent de nouveaux supports comme l’affiche notamment. Beaucoup d’annonceurs délaissent en effet la presse devenue très onéreuse pour se tourner vers l’affiche qui présente un prix plus attractif, un aspect esthétique non négligeable et qui est diffusable partout.

C’est à Paris que les premières affiches font leur apparition. Essentiellement destinées à leurs débuts à l’industrie du spectacle, la démocratisation de l’affiche débute véritablement à partir de 1866 lorsque le peintre Jules Chéret ouvre à Paris un atelier de lithographie. Il réalise alors des centaines d’affiches en mettant au point des méthodes d’impression grâce à de nouvelles techniques qui lui permettent de réaliser de nombreux tirages en grand format. Ses réalisations coïncident avec la Belle Époque où il met à l’honneur les grandes institutions parisiennes, contribuant aujourd’hui encore à leur renommée, comme les Folies Bergère ou encore le Moulin Rouge.

La publicité s’impose en ce début du XXème siècle et donne lieu à la création des premiers organes corporatifs. La Chambre syndicale de la publicité regroupant les différents métiers des publicitaires (dessinateurs et courtiers notamment) est créée en 1906. La multiplication des annonces publicitaires entraîne également des mesures de contrôle afin de s’assurer de leur moralité. L’office de contrôle des annonces est ainsi créé en 1935.

Les supports de diffusion se multiplient au fil du temps. La publicité radiophonique commence dans les années 1920-1930 mais ne touche encore qu’une minorité de personnes ayant accès à ces équipements. La publicité commence aussi à s’imposer sur les façades des maisons notamment dans les grandes villes.

L’après-guerre est marqué par la reconstruction du pays mais également par un essor économique sans précédent avec les Trente Glorieuses. L’essor de la grande distribution galvanise considérablement la publicité qui prospère avec ce nouveau mode de consommation. Elle investit encore de nouveaux supports, comme la télévision au début des années 1960. L’affiche délaissée ne revient qu’à partir des années 1980 sur les panneaux d’affichage. La photographie a toutefois remplacé le dessin et remodelé le travail du publicitaire.

L’évolution de la publicité dans le Gard n’échappe pas à ces différentes mutations observées au niveau national. On retrouve en effet trace dans les annuaires du Gard et la presse locale des premières annonces publicitaires dès 1871. Les annuaires du Gard constituent d’ailleurs un important support publicitaire pour les annonceurs gardois. Les entreprises de bonneterie très prospères au cours du XIXème siècle sur Nîmes et dans le Gard y figurent ainsi en bonne place.

Le docteur Louis Eugène Perrier, alors directeur des établissements thermaux d’Euzet-les-Bains et des Fumades achète la source de Vergèze et les terrains en 1897 pour créer la Société des eaux minérales, boissons et produits hygiéniques de Vergèze.

Sir Saint John Harmsworth rachète la source au docteur Perrier en 1903 et délaisse le thermalisme au profit de la vente d’eau embouteillée, rebaptisant l’entreprise Compagnie de la source Perrier, en hommage à celui qui a su la mettre en valeur.

Les publicités de la source Perrier conservées aux Archives départementales du Gard datent de l’époque où le thermalisme abandonné a laissé place à la consommation de cette eau pétillante. Sir Saint John Harmsworth, industriel ingénieux, crée la célèbre bouteille en forme de massue indienne, alors massivement exportée vers les colonies anglaises à coups de grands renforts publicitaires.

Entré dans une phase d’exploitation industrielle, la source Perrier se modernise avec la mise en place d’une usine d’embouteillage où seul l’étiquetage reste encore réalisé à la main.

À Uzès, Henri Lafont, banquier, se lance dans la confiserie en 1862. Décédé l’année suivante, l’affaire est reprise par ses gendres Henri Abauzit et Léonce Vincent. En 1873, c’est Paul Aubrespy, gendre d’Henri Abauzit, qui rejoint l’affaire. Paul Aubrespy dépose la marque Zan le 7 juillet 1884. Fervent adepte de la publicité, il a recours à de multiples supports pour faire prospérer les ventes. L’affaire est florissante, de nouvelles usines de production sont construites.

Aubrespy cède à son tour l’entreprise à ses gendres qui fondent la SARL Réglisse Zan. La marque Zan devient mondialement connue et son succès s’accroît au fil des ans. La marque lance sa première publicité à la télévision en 1962. Elle fonde une filiale avec Ricqlès en 1968. Haribo, entreprise allemande de confiserie créée en 1920 rachète les droits de la marque Zan en 1985 qui devient en 1987 Haribo-Ricqlès-Zan.