Femmes, travail, salariat

Dans la mémoire collective, la représentation féminine est longtemps restée liée à l’image de l’épouse et de la mère attachées à leur foyer. Or, de tout temps, les femmes ont travaillé.

Élément important de la société moderne, le travail féminin traduit l’implication des femmes dans le fonctionnement d’une société souvent discriminante à leur égard.

L’activité féminine a suivi les évolutions de la société française. Souffrant d’une absence de reconnaissance professionnelle, les femmes ont surmonté bien des difficultés en s’affirmant face aux hommes, sans renoncer pour autant à leur rôle de mère. Les Archives départementales du Gard conservent de nombreux documents iconographiques du milieu du XIXème au début du XXème mettant en lumière le travail féminin, témoignant ainsi de l’incroyable capacité d’adaptation des femmes dans une société en perpétuel mouvement.

Au temps de l'industrialisation

Tout au long du XIXème siècle, les femmes exercent des activités salariées, souvent à domicile. Lingères, brodeuses ou blanchisseuses, ces femmes tentent par des revenus modestes d’améliorer leurs conditions de vie précaires.

L’industrialisation et la mécanisation du travail rendent le travail moins pénible et plus accessible aux femmes. Recrutées dans les usines, ces nouvelles ouvrières constituent une main d’œuvre moins onéreuse et concurrentielle, au grand dam des ouvriers qui craignent pour leurs emplois. L’arrivée du premier enfant marque souvent l’arrêt de l’activité professionnelle. Au contraire, la maladie ou le décès du mari contraignent l’épouse à reprendre un emploi.

Le tournant de la Première Guerre mondiale

L’absence des époux partis au front et les aides de l’État insuffisantes poussent de nombreuses femmes sans ressources à trouver un emploi.

Dans la métallurgie, la main d’œuvre féminine passe de 5 % avant guerre à 30 % en 1918. La rationalisation du travail, la modernisation de l’outillage et la division du travail offrent de nouvelles perspectives d’embauche pour les femmes dans des secteurs qui leur étaient jusque-là fermés.

Elles investissent le secteur tertiaire en occupant dans l’administration des postes auparavant tenus par des hommes. Elles gagnent également des places dans le domaine de l’enseignement en remplaçant les instituteurs mobilisés.

L’influence du bénévolat durant la Grande Guerre, notamment dans le milieu médical, marque le début des métiers du social encore aujourd’hui majoritairement occupés par des femmes.

La crise des années trente et le régime de Vichy

La crise des années 1930 et le chômage massif qui s’ensuit font reculer le travail féminin. Le congrès international de la Confédération Générale du Travail Unitaire en 1933 sur la crise économique et l’emploi valorise le retour de la mère au foyer, en incitant fortement les femmes à quitter leur travail en échange d’allocations.

Les grèves augmentent toutefois sensiblement dans les usines au début du XXème siècle. Au moment du Front populaire, on assiste à une montée syndicale marquée chez les femmes qui réclament des revalorisations salariales, comme le font les ouvrières du textile dans le Gard.

Dès 1940, le gouvernement de Pétain signe une régression du statut social de la femme, avec une politique paternaliste prônant le retour de la femme au foyer. Les femmes mariées ne peuvent plus prétendre à l’embauche et sont contraintes de se recentrer sur leur famille, véritable outil de propagande visant à servir la doctrine pétainiste basée sur la devise « travail, famille, patrie ». La femme est ainsi mise à l’honneur en tant que mère au foyer.

L’activité féminine après guerre

Les années 1950-1960 constituent l’âge d’or de la mère au foyer incarnant la réussite sociale du mari qui subvient seul aux besoins de sa famille. Cette position sociale contraste toutefois avec l’émancipation féminine revendiquée par certaines jeunes filles, de plus en plus nombreuses à intégrer des écoles supérieures. Travailler leur permet également de s’assumer financièrement et de répondre aux besoins d’indépendance relayés par les mouvements de libération de la femme à partir des années 1960. Cette émancipation féminine est d’ailleurs soutenue par la grande distribution naissante qui voit en la femme une nouvelle consommatrice.

Aujourd’hui, l’activité féminine dans les sociétés occidentales a enregistré des avancées comme la reconnaissance des qualifications féminines et l’accès aux emplois auparavant réservés aux hommes. Toutefois, les disparités et les inégalités professionnelles entre les hommes et les femmes sont toujours une réalité.  Le débat sur la place des femmes dans la société reste donc ouvert.