La culture des châtaigniers en Cévennes
Une cléde dans la vallée du Rieutor
Vidéo réalisée par le Service Patrimoine Ethnologie du Conseil général du Gard, février 1999.
Durée : 17 mn 09 s.
L’origine du châtaignier dans le Gard
Si le châtaignier est présent dans quelques zones au sud du département, on le retrouve essentiellement dans les Cévennes. La limite supérieure du châtaignier se situe vers 900 mètres d’altitude. Elle peut varier suivant l’exposition de 200 à 800 mètres. Des recherches de paléobotanique ont permis de retrouver trace de châtaigniers avant les dernières glaciations. L’arbre est également présent dans les Cévennes, il y a 5 000 ans.
Même si l’arbre existe à l’état sauvage depuis longtemps déjà, sa culture a véritablement commencé dans notre région avec l’occupation romaine. Les châtaignes sont également un produit de consommation courante à l’époque carolingienne. Le Moyen Âge contribue par la suite à l’essor de cette culture. Les XVIIIe et le XIXe siècles correspondent enfin à une extension massive du châtaigner coïncidant avec l’essor démographique.
Le département du Gard compte plus d’un million de châtaigniers au début du XXe siècle, répartis sur 10 000 hectares pour une production de 3 000 tonnes par an. C’est dans la région du Vigan et d’Alès que l’on trouve la plus grande concentration de ces arbres. Viennent ensuite Génolhac, Saint-André-de-Valborgne et Lasalle. Implantés dans une zone géographique où la vie est rude, les châtaigniers, arbres souvent providentiels, ont nourri les hommes et les animaux durant des siècles, leur épargnant la disette et la famine.
Physionomie de l’arbre
Le châtaignier fait partie de la famille des cupulifères comprenant aussi le chêne et le hêtre. Appelé Castanea probablement pour ses origines grecques, c’est un arbre à croissance rapide possédant une grande longévité. Les arbres du parc du Vigan sont d’ailleurs réputés plusieurs fois centenaires. Court sur tronc, il peut atteindre 17 à 25 mètres de hauteur. Les feuilles peuvent mesurer jusqu’à 20 cm de long. Il s’acclimate bien aux températures négatives en hiver mais supporte plus difficilement des températures estivales très élevées et prolongées. Il fleurit de début juin à fin juillet.
Le fruit du châtaignier est un akène. S’il présente plusieurs graines cloisonnées, ce sont des châtaignes mais s’il ne présente qu’une graine non cloisonnée, on parle de marron. Il existe de nombreuses variétés de châtaignes différentes (Le marron dauphinois, la Vivaraise, la Pélégrine, la Figarette, la Cantinelle...). En tout, on dénombre 71 variétés différentes de châtaignes en France et 15 de marrons.
Les différents usages du châtaignier
Le bois de châtaignier possède par ailleurs de grandes qualités. Imputrescible et résistant naturellement aux infections d’insectes et de champignons, il constitue un matériau noble utilisable pour l’habitat (charpente, planchers, cloisons, escaliers, menuiseries)…
La maladie des châtaignes dite maladie de l’encre ou Pied noir, arrivée en Cévennes en 1875, oblige les récoltants à tirer autrement profit de leurs arbres en les abattant pour les vendre aux usines à tanin qui se développent à partir des années 1890. La coupeuse utilisée pour extraire le tanin transforme le bois de châtaignier en copeaux.
La culture du châtaignier aujourd’hui
Dans les années 1950, on préfère le pin au châtaignier. Le pin pousse en effet plus vite tout en étant utile à la mine pour le boisement des galeries.
Un projet de route touristique a été amorcé en 1997 par la Maison de la Nature et de l’Environnement afin de valoriser économiquement la production castanéicole et promouvoir le tourisme.
Une association a été créée en ce sens en mars 2002 pour porter ce projet. Rassemblant agriculteurs, professionnels du bois et de la randonnée, musées, hôteliers et restaurateurs, cette association souhaite faire renaître la châtaigneraie cévenole tant pour ses fruits que pour son bois. Très active, elle propose aujourd’hui au grand public de découvrir les activités du territoire castanéicole au sein d’une route touristique, les Chemins de la Châtaigne.
La cueillette
La récolte, appelée Les castagnados en Cévennes, commence à la mi-septembre pour les variétés précoces, connaît son pic d’activité courant octobre et peut se poursuivre jusqu’en novembre.
La cueillette des châtaignes mobilisait autrefois de nombreux journaliers venus des régions alentours.
Illustrations (ci-dessus) : Courriers d’exploitants de châtaigneraies : déclaration de parcelles et réclamation de prime (1928-1929). Arch. dép. Gard : 7 M 796.
La clède
Une fois cueillie, la châtaigne doit être conservée à l’abri de la chaleur et des gelées. On procède donc au séchage dans une construction typiquement cévenole, la clède.
Durant 2 à 3 jours, les châtaignes sont placées sur des claies au dessus d’un feu à environ 1, 5 mètres de hauteur. C’est une opération de dessiccation qui consiste à ôter l’eau de la châtaigne pour permettre sa conservation jusqu’à 2 mois avant sa consommation. La châtaigne fraîche se mange bouillie ou grillée dans une poêle trouée.
La foire aux châtaignes
La loue est le marché traditionnel dans lequel les ramasseurs de châtaignes écoulent leurs marchandises. Le plus célèbre de la région se déroulait aux Ayres dans le canton de Saint-Germain-de-Calberte (Lozère).