Bonhomme Carnaval
Février est le mois du carnaval, qui précède le temps de Carême instauré par l’Église catholique. Celle-ci prescrit en effet aux fidèles d’observer une période de jeûne et d’abstinence pendant 40 jours avant la fête de Pâques. Avant d’entrer en Carême, il est d’usage de se distraire. Le Carême commençant un mercredi (mercredi des Cendres), les fêtes et réjouissances étaient organisées la veille, jour de Mardi-Gras.
Il était d’usage de se livrer à des mascarades et à des défilés tel celui que décrivent les frères Platter, passant à Avignon le jour de Mardi-Gras 1596 : ils y voient des troupes masquées et costumées différemment, en pèlerins, paysans, mariniers, Italiens, Alsaciens, avec de nombreux musiciens ; des danses étaient exécutées dans les rues par des jeunes gens masqués et ils relèvent la richesse des costumes et des bijoux.
Bouffonneries et chansons
On pouvait aussi donner des représentations théâtrales, des bouffonneries et il existait tout un répertoire de chansons dédiées spécifiquement à cette journée.
La tradition a perduré au cours des siècles.
Dans la région, les poètes du mouvement du Félibrige ont contribué à la maintenir, tel Jan Castagno qui publie en 1924 « La grando pieta de Carnaval, boufounado espetaclouso que se jogo davans las poupulaços, lou Dimars-Gras sus las plaços ».
Toutes ces fêtes donnaient souvent lieu à des débordements, ce qui a conduit les autorités à les interdire périodiquement.
Ainsi, en 1545, la cour royale de Nîmes a observé qu’il « se commettait à Nîmes une infinité de désordres et de violences dans les jours de carnaval » et a prononcé une «défense générale de faire des mascarades, de se couvrir le visage pour se déguiser, soit dans les rues, soit dans les maisons, de porter les armes et d’aller dans des assemblées, de jour ni de nuit, sous peine de 100 livres d’amende, de la prison et de l’estrapade ». Il semble toutefois que cette interdiction n’ait guère été suivie d’effet.
Cette période de fête s’achevait par la mise à mort de Carnaval, représenté par un mannequin de paille promené dans toute la ville sur un âne puis jeté dans une rivière ou brûlé sur une place.
La « danse des bouffets »
À Uzès, il semble que cette tradition ait pris un tour très particulier, si l’on en croit un article publié dans L'Illustration en 1857.
Il y est rapporté que dans cette ville, la crémation était accompagnée d’une danse particulière, appelée « danse des bouffets » et ainsi décrite.
Dès le mercredi matin, les bouffetiers, tous vêtus d’un pantalon blanc, d’une chemise et d’un bonnet de coton, et armés d’un soufflet, se répandent dans toute la ville et se lancent dans une farandole au son du tambour. Ils se poursuivent avec ces soufflets et courent aussi après les badauds, avant d’accompagner le bonhomme Carnaval vers le bûcher.
L’article précise encore que « cette danse semble être l’exclusivité d’Uzès, n’étant en usage dans aucune autre ville du bas Languedoc ».