Voter en 1789
Presentation d'un ouvrage extrait du fonds de la bibliothèque
Mars 1789…
Les Français votent pour la première fois, et ils le font dans des conditions qui ne se retrouveront plus avant 1848 : la loi électorale était très libérale en dépit de ses imperfections et la participation, très importante, concerna plusieurs millions de personnes.
Dernière application des modes de représentation de l’Ancien Régime et première manifestation d’une nouvelle théorie de la souveraineté et du mandat, les élections de 1789 ont été l’événement fondateur des régimes modernes.
Leur étude minutieuse pour la sénéchaussée de Nîmes montre parfaitement le double aspect de ces élections : leur annonce et leur préparation ont donné lieu à un bouillonnement intellectuel et politique intense ; leur déroulement a ouvert la voie au choc des cabales, des manœuvres et des ambitions.
De l’homme d’affaires au paysan, du curé pauvre au noble, du prélat à l’officier municipal, du catholique au protestant, chacun s’est senti concerné, a fait connaître son point de vue et a agi. Des tactiques et des stratégies se sont développées dont l’objectif initial n’allait pas au-delà de la défense de tel ou tel intérêt particulier ; et pourtant, presque par mégarde, elles se sont unies et ont permis l’émergence d’une opinion commune qui s’est trouvée à l’unisson des aspirations nationales.
Si les élections de 1789 sont l’occasion d’observer la naissance des phénomènes politiques à l’état brut, un peu comme dans une expérience de laboratoire, leur examen permet aussi de se pencher sur les passions individuelles et très humaines qui ont animé les acteurs de cette histoire. Au-delà de la connaissance des mentalités, il fait donc mieux comprendre comment le goût de la politique est né et s’est développé chez certains et comment, en élisant seize députés, les gens de Nîmes ont tissé le premier des innombrables maillons du lien mystérieux qui unit représentants et représentés, gouvernants et gouvernés, dans les démocraties contemporaines.
Un mot sur l’auteur :
Né à Nîmes en 1942, diplômé de l’Institut d’études politiques de Paris et docteur en droit, Bernard Moreau a été de 1968 à 1995 fonctionnaire à l’Assemblée nationale. Après y avoir été pendant dix ans chef du protocole et responsable de l’aide technique aux jeunes parlements, il était en 1995 chef de la division des archives.
Consultable en salle de lecture des Archives départementales du Gard sitôt la fin des mesures de confinement.